Franky et Jean-Yves (Nicolas Buysse et Fabio Zenoni) seront vos guides dans une quête au bonheur, au bien-être, qui passe par une acceptation de son mal-être et du malheur. Petit bijou de bonne humeur, le texte de la déambulation vous embarque dans une parodie des programmes de life coaching qui requiert votre participation en immersion. Une série de travaux pratiques faciles à réaliser vous seront proposés dans le cadre d’une méthode efficace de prévention et de gestion du stress dans l’espace public.
Le binôme délirant du gourou et de l’ex-patient vous aidera à abaisser votre « barrière de corail », métaphore de vos peurs des dangers de la ville et de l’Autre. Le dispositif vous permet de suivre chacune de leur parole dans un casque pendant votre visite guidée animée. Armés de sièges quechua, et après un passage de méditation active dans un temple bricolé à ciel ouvert, rien ne vous arrêtera dans votre chemin vers la guérison. Yoga du rire et jingles de la méthode vous préparent à un rire authentique dans ce safari urbain.
La promenade prend un détour musical dont vous serez les auditeurs privilégiés, et pour laquelle vous serez vivement encouragés à remplir la place des chœurs et à reproduire une chorégraphie. Pas d’inquiétude à avoir sur votre allure que le groupe anonymise. Les passants rencontrés sur votre route vers la sérénité deviennent malgré eux les acteurs de la pièce, grâce aux improvisations en micro caché de l’étonnante paire de guides.
La relation incohérente du maître et du disciple ne tardera pas à partir en roue libre jusqu’à une course-poursuite qui marquera la dernière partie de votre voyage initiatique. Vous serez les acteurs d’une perturbation artistique qui ne s’arrêtera qu’à votre retour au Théâtre National et la dissolution ultime du groupe de patients-clients, guéris de leur mélancolie.
La Walking thérapie est une ballade rafraîchissante, une forme sans prétention qui soulage nos nerfs entre deux spectacles du Kunstenfestivaldesarts. Le jeu du duo, évident mais sans mensonge, fait du bien en réunissant corps et esprit dans ce théâtre inspiré par la rue.
En déplaçant le spectacle hors les murs, les auteurs de Walking thérapie décloisonnent les genres pour offrir une thérapie à mi-chemin entre la performance dans l’espace public et le théâtre de rue. La richesse de la pièce est de cadrer la banalité du réel dans un regard spectaculaire. Le protocole du found object (de l’objet trouvé) en art est appliqué au paysage urbain et aux passants du parcours pour jouer avec une réalité que l’on ne regarde plus et renverser le quotidien. Voilà enfin du théâtre de proximité qui nous extrait du confort de nos sièges de velours rouge et intervient dans nos vies dans un récit aussi poétique qu’un rot de rossignol.