Laissons aux éminents philosophes de la création artistique le soin de répondre à la sempiternelle et épineuse question que soulèvent les spectacles qui osent toucher à l’œuvre des « graaands auteurs-interprètes » : a-t-on le droit ? Avant qu’ils aient tranché dans le vif du sujet, on sera morts et enterrés, et tous ces monstres sacrés, momifiés. Et comme on veut pas en perdre une miette, de cet humour acide-amer, relevé à la sauce « sombritude existentielle » de très bon goût, nous on court aux Riches-Claires avant d’attraper la migraine ou la sinistrose ambiante.
Fabrice Gardin et Dominique Rongvaux nous donnent rendez-vous avec une mosaïque de textes qu’ils ont compilée et subtilement agencée. Elle distille le verbe, la verve (et même un peu la verge, il faut le dire) de cet auteur misanthrope qui nous manque. Profitons donc de l’opportunité que ces deux illuminés-cérébraux-qui-n’ont-peur-de-rien nous donnent, pour faire un grand nettoyage de fin d’année de nos neurones, une remise en condition physique de nos zygomatiques (qui se la pince-sans-rire dans le paysage correctement humoristique light et consensuel actuel). Chacun en prendra pour son grade : les femmes, les politiciens, les médecins. Les militaires sont bien servis, sans oublier les imbéciles (pléonasme). Les enfants, les étrangers et les trous du cul font également partie du lot.
N’en déplaise aux philosophes dont nous parlions plus haut (de toute façon « Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question »), le tandem Rongvaux-Gardin fonctionne bien, dans une mise en scène sobre juste comme il faut et un jeu assumé qui fait oublier Desproges, ou plutôt, non, qui le fait vivre ? A vrai dire, ni l’un ni l’autre et les deux à la fois. Pour avoir une chance d’être dans les gradins avec les imbéciles qui se savent atteints, quittez le peloton des piqués aux hormones formatées, piquez un sprint final et rejoignez ces outsiders du rire musclé 100% caustique. Achetez votre ticket avant le 22, c’est pour une bonne cause « Le rire n’est jamais gratuit : l’homme donne à pleurer mais prête à rire »
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