Vampires

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal du Parc

Dates
Du 23 avril au 23 mai 2015
Horaires
Tableau des horaires

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+32 2 505 30 30

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Vampires

Le mythe du vampire semble revenir en force.

A Paris, Polanski monte une version théâtrale de son Bal des vampires, Jim Jarmusch vient de revisiter le genre avec son Only lovers left alive. Le Dracula de Coppola date déjà de 1992 mais reste dans les mémoires. Sans oublier bien sûr assez récemment Twilight.

Et voici que ces étranges créatures s’installeront au Théâtre Royal du Parc en avril/mai 2015 sous l’apparence de Jacqueline Bir et de José van Dam.

Il s’agit ici d’une comédie à travers laquelle s’affronteront ces deux « monstres » qui vivent ensemble et se chamaillent depuis 500 ans.

Les vampires ont besoin de longues périodes de repos dans leur cercueil. Notre couple infernal s’est endormi en 1913 (juste avant la première guerre mondiale) et se réveille en 2015. Inutile de dire qu’ils vont vivre un véritable choc car il s’en est passé des choses en un siècle.

Une ligne de « tgv » a été installée à cent mètres de leur lugubre manoir et un parc d’attraction convoite la demeure de nos deux assoiffés de sang !

Le regard qu’ils vont porter sur notre société d’aujourd’hui nous permet de prendre nous-mêmes un peu de recul.

José van Dam rêvait de croiser Jacqueline Bir sur une scène de théâtre. Après Le Maître des illusions, il poursuit son parcours de « débutant » dans la comédie. Même s’il poussera un peu la chansonnette dans Vampires, ce spectacle lui permettra d’approfondir son rapport au jeu parlé. J’ai demandé à Monique Lenoble, qui a merveilleusement dirigé les acteurs dans Le Tartuffe, de mettre en scène cette pièce.

Thibaut De Coster et Charly Kleinermann, qui nous avaient enchantés avec le décor et les costumes de La dame de chez Maxim, seront également de la partie.

Mise en scène : Monique Lenoble - Assistanat : Catherine Couchard Décor et costumes : Thibaut De Coster et Charly Kleinermann Lumières : Zvonock - Maquillages : Bouzouk.

Distribution

De Thierry Debroux, mise en scène Monique Lenoble, avec Jacqueline Bir, José Van Dam, Bruno Georis … (en cours)

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Mardi 12 mai 2015, par Dominique-hélène Lemaire

Bouquet infernal et grandiose

Pour ne rien vous cacher, nous avons vu ce spectacle deux fois : la première fois… à la première, avec l’incomparable Jo Deseure, cette grande artiste qui a osé plonger à la dernière minute dans le rôle de Jacqueline Bir, pour qui la pièce avait été écrite. Jo Deseure n’avait eu qu’une répétition, la veille de la première, pour capter avec talent le ballet des entrées et des sorties et jouer de façon époustouflante un rôle dont elle ne connaissait pas le texte. Exercice digne d’un examen final de conservatoire, qu’elle a maîtrisé avec une stupéfiante adresse. En duo verbal avec José Van Dam, elle a interprété sans faiblir le rôle principal de la nouvelle création de Thierry Debroux intitulée « Vampires ». Elle fut saluée par un tonnerre d’applaudissements.

José Van Dam n’a pas eu froid aux yeux d’accepter de jouer avec une parfaite inconnue, se privant de l’appui de sa partenaire habituelle. Le plus étonnant, c’est que Jo Deseure donnait par moments l’impression de littéralement incarner l’absente du bouquet infernal. Présence scénique ahurissante, modèle d’interprétation improvisée, tout en gardant un contact oculaire discret avec le texte diffusé sur des écrans aux premières loges de chaque côté de la scène.

Pour le fond, Thierry Debroux s’est emparé du mythe des vampires, mélange de roman historique et de science-fiction qui ne cesse de nous fasciner, que ce soit en littérature ou au cinéma. Tout le monde a lu « Dracula » de Bram Stoker en édition simplifiée lors de ses premiers cours d’anglais, là où d’autres auront exploré la jouissance littéraire des passionnantes « Vampire Chronicles » d’Anne Rice ou encore le fameux « Interview with a vampire » avec Tom Cruise et Brad Pitt. D’aucuns se souviendront du « Bal des Vampires », le film de Polanski sorti en 1967. Le thème de l’immortalité est l’un des favoris de Jacqueline Bir, de même que ceux de la beauté, de la jalousie, de l’amour impossible, de la sensualité et de la mort. Son interprétation de ces thèmes était certes beaucoup plus forte dans « Le cri de la langouste » où elle incarnait Sarah Bernard, mais on trouve dans « Vampires » une sérénité indiscutable, un lâcher-prise et une sensibilité pleine d’humour et d’humanité. On reconnait les morsures de Thierry Debroux qui s’attaque avec malice aux maux du Temps : le bruit dévastateur de paysages du TGV, la manie des téléphones portables, la toute-puissance du Saint-Dicat, le diktat du Buzz à tout prix, l’envoûtement de Facebook, nos nourritures terrestres frelatées, si pas carrément empoisonnées, et en passant, quelques coups de griffe aux bobos bio ! Côté nourritures célestes, on mélange allègrement Ronsard et Corneille(s)… Le texte de cette comédie moderne est donc très plaisant, bien bâti, bien rythmé.

Mais la part du lion va à la critique acerbe du show business, via le personnage déjanté du bouffon parfait, un créateur de comédie musicale (seul genre littéraire et musical subsistant apparemment en 2015). Ce carnassier moderne a jeté son dévolu sur le manoir où se sont soudainement réveillés Isadora (roulez le r) et Aménothep après 102 ans d’hibernation. Véritablement gondolant dans son rôle, au propre comme au figuré, le metteur en scène fou croasse à merveille et excelle dans sa manière de vampiriser les vampires. Peinture de notre monde ? C’est le délectable comédien Angelo Bison qui est à l’œuvre. Il entraînera le couple dans des répétitions délirantes, créant musique et texte au fur et à mesure des malentendus et des sinistres rebondissements. Aurelia Bonta, sa très appétissante assistante en talons aiguilles rouges, incarne la victime de toutes les peurs et angoisses. Elle se débat dans le cauchemar avec la dernière énergie vocale et corporelle. Il y a aussi Maurice (ou Serge), l’ineffable maître d’hôtel, qui participe avec grande finesse à ce vaudeville très particulier. Bruno Georis est impeccable dans l’humour et les gestes, une perle de sang-froid si l’on peut dire !

Même la deuxième fois où l’on voit le spectacle, avec cette fois l’illustre Jacqueline revenue de ses maux de gorge incapacitants, on rit de bon cœur aux plaisanteries taquines d’un texte qui continue à amuser franchement. La reine de la nuit rouge a une allure folle sous un maquillage, des coiffures et des costumes parfaits. Rien à voir avec l’affiche du spectacle. Isadora est une vampire attachante aux tendresses inattendues malgré les chamailleries internes au couple. Elle éprouve des réticences très humaines devant la mort violente par balles… et se fabrique finalement des noces de cendre grandioses avec son compagnon de toujours. Son interprétation est, on s’en doutait, totalement convaincante aux côtés d’Aménothep/José Van Dam, très joli cœur, qui parfois pousse la chansonnette en l’honneur de Mozart.

Dominique-Hélène Lemaire

Théâtre Royal du Parc