Ce concerto est une œuvre des plus prisées de tout le répertoire. La musique de Dvorak est le reflet de sa personnalité radieuse, loin de la personnalité tourmentée de certains illustres prédécesseurs comme Beethoven, ou encore Schuman. Sa musique devint très vite populaire, car elle contient de magnifiques mélodies.
Comme Smetana, Dvorak s’inspire du folklore bohémien. C’est l’époque de l’éveil du nationalisme (la Bohème était sous domination de l’Empire austro-hongrois). Les compositeurs se tournent vers leurs racines, faisant entrer les folklores nationaux dans la musique.
Dvorak a dirigé pendant 3 ans le conservatoire national de la musique à New York. C’est pendant ce séjour « américain » qu’il composa ce magnifique concerto tout empreint de nostalgie, et profondément inscrit dans ses racines nationales.
Cette œuvre se compose de 3 mouvements. Dès le début de l’allegro, on peut entendre le premier des 2 thèmes, célèbre exposé par la clarinette, et qui atteint toute sa dimension lors de la reprise par tout l’orchestre. Un deuxième thème est exposé au cor comme un chant plein de mystère. Puis soliste rentre avec le premier thème…..un pur moment de bonheur.
Le violoncelle tout au long de ce premier mouvement passe de l’éclat à la poésie. Il est tantôt virtuose, tantôt se mélange avec l’orchestre mais toujours beau et chantant. L’adagio commence par un groupe d’instruments à bois repris par le violoncelle. On passe de la ferveur à la longue plainte mélancolique que chante avec beaucoup de dépouillement l’instrument. Puis un tutti de l’orchestre ouvre un nouveau thème auquel répondent le soliste et les instruments à bois. Le cor reprend le thème du début, puis est repris par le violoncelle.
Le dernier mouvement, l’allegro moderato commence par une marche, le cor énonce le thème principal, le violoncelle nous entrainant ensuite dans une nouvelle mélodie, contrastant avec le côté lourd et grave joué par les cordes. L’instrument redevient ensuite virtuose, puis alterne cette virtuosité avec des instruments à vent, pour finalement nous emmener dans un puissant éclat de tout l’orchestre.
Nous pouvons écouter ce concerto joué par Pierre Fournier qui a réalisé un magnifique enregistrement avec George Szell (une référence), mais je vous conseillerai un des 3 enregistrements de Rostropovitch… et surtout de venir écouter l’œuvre le 11 juin prochain au Palais des Beaux-Arts.
En deuxième partie, la première symphonie d’un autre compositeur de Bohème également,Bohuslav Martinu au programme. Tout comme Dvorak, Martinu dut fuir en 1940 aux Etats-Unis, mais les pressions politiques du bloc de l’Est l’empêchèrent de rentrer en Tchécoslovaquie. Il passa ces dernières années à l’étranger, et mourut en Suisse en 1959.
Son importante production (plus de 400 œuvres) dans tous les genres, se ressent également du folklore tchèque. Il fut aussi influencé par d’autres genres, et notamment par la grande peinture italienne de la Renaissance, que la musique tente de restituer (cfr les Fresques de Pierro della Francesca).
Vous pouvez notamment découvrir cette première symphonie en 4 mouvements dans l’enregistrement de Karl Ancerl ou de Vaclav Neumann chaque fois avec l’Orchestre Philarmonique Tchèque.
Les allusions à la patrie tchèque sont évidentes. Le largo est un chant funèbre très poignant, qu’on attribue à la réaction de Martinu, à la destruction en 1942, du village tchèque de Lidice par les nazis.
L’orchestre Tchèque (inauguré d’ailleurs par Dvorak en 1894) saura nous faire apprécier les 2 œuvres au programme du 11 juin prochain. Il sera dirigé par Zdenek Macal .
Le violoncelliste, pour le concerto de Dvorak sera Michal Kanta, né à Prague.
Des interprètes bien choisis pour le programme de cette soirée.
Georges Yana