Le texte présente un journaliste retenu malgré lui pour un reportage-éclair sur celle qu’on surnomme "la Divina" qui vient de mourir. Amateur de jazz, il doit donc s’atteler à présenter une artiste qu’il ne connaissait absolument pas. Alors qu’il plonge en recherches sur la célèbre cantatrice, cette dernière apparaît. Tout au long de l’unique nuit qui constitue la temporalité de la pièce, elle se présente, se raconte, s’explique. C’est donc un long discours où la Callas s’autobiographie, et où son partenaire incarne tour à tour les différents personnages qu’elle croise et qui la font avancer. Malgré ces intermèdes joué, la grosse majorité du texte est tout à fait discursive et donc pas des plus vivante.
La mise en scène suit cette proposition d’une alternance de scènes racontées et de scènes plus jouées, mais manque de cohérence. Les codes sont peu accessibles, certaines conventions changent en cours de spectacle, brouillant la perception et la compréhension.
Cela est mis en évidence dans la direction d’acteurs : le comédien est dans un registre burlesque, limite boulevard, tandis que la cantatrice, beaucoup plus retenue, se situe dans un jeu plus intime. Est-ce pour mettre celle qui incarne la Callas en évidence ? Difficile à dire, vu que rien n’est expliqué par rapport à cette apparition : fantôme, rêve ou allégorie des recherches menées par le journaliste ? Chaque piste est amorcée, mais aucun choix n’est assumé. Cela se poursuit au long de la pièce : certaines indications (cris, pics émotionnels) semblent appliquées tant ils surprennent et rompent avec l’ensemble du reste.
La scénographie musicale surprend également. Composée de son sourd, elle rythme et marque les effets dramatiques, allant à l’encontre du travail des comédiens. Là aussi, manque de cohérence : on passe de l’extradiégétique (musique hors scène, que les comédiens ne sont pas censé entendre) à l’intradiégétique (musique dans la scène, avec laquelle les comédiens joue) sans le signifier, de passages chanté par la comédienne-cantatrice à des bandes son avec la voix de la diva, de musique scénographique pour représenter l’époque à une musique plus "abstraite" pour habiller le silence.
La grande force du spectacle réside dans la création lumière, d’une grande douceur et tout à fait évidente. Les passages d’ambiance sont souples, agréablement discrets, et chacune des ambiances indique clairement le ton de la scène : moment émotion, intime ou narration.
"Callas, il était une voix" est donc un spectacle prometteur, au thème intéressant, mais qui se perd un peu par trop d’idées et de pistes essayées qui noient le spectateur dans un trop plein d’informations et de conventions différentes.