S’appeler Samir, dans la société actuelle, n’est pas une sinécure. Travail, logement, toutes les portes se ferment plus facilement face aux sonorités étrangères d’un simple prénom. Le squat est un dernier recours pour le jeune algérien qui, avec la complicité de son meilleur ami, va prendre ses quartiers dans un bel appartement du 16ème arrondissement de Paris. Seules ombres au tableau, les deux sœurs propriétaires du logement débarquent sans crier gare.
De cette cohabitation forcée découleront plusieurs sentiments rythmant joyeusement la pièce. L’indignation et les propos, clairement racistes mais hilarants, de Maryvonne font mouche. Le déterminisme de sa sœur Jeanne inspire le respect. Mais l’élément déclencheur des rires du public est définitivement l’affrontement des deux femmes aux caractères bien opposés. Marion Game et Geneviève Fontanel campent leurs rôles à la perfection, et l’on ne peut que saluer chaudement leurs excellentes prestations. Le jeune Selim Clayssen ne passe pas inaperçu non plus : son rôle lui va littéralement comme un gant, offrant au spectacle encore plus de réalisme qu’il n’en possédait déjà.
L’auteur, Jean-Marie Chevret, a le sens des bons mots. Des mots drôles. Des mots choquants. Des mots touchants. Chaque réplique est calculée, sensée. La mise en scène est rythmée, sans temps morts. Quelques bons sentiments invitent l’audience à reprendre son souffle avant de reprendre la danse, à cent à l’heure.
Cette comédie traite avec brio de la question de l’immigration. Mais au-delà d’un message antiraciste évident, les spectateurs assistent aussi à la confrontation de deux générations, de deux expériences de vie sur fond de drame social. Tout fonctionne à merveille, et la pièce aura probablement un impact sur la foule qui applaudit, debout, la réalité que le spectacle leur a offerte.