Dans la pénombre : un arbre, une terrasse. Un homme, noir, attend accroupi derrière l’arbre. Un autre homme, blanc, sort sur la terrasse, allume les lumières. Il semble lassé par son existence. Il aperçoit l’homme derrière l’arbre et l’interroge sur sa présence en ces lieux sous surveillance. L’intrus est là pour récupérer le corps de son frère décédé la veille.
La pièce se déroule dans la cour gardée d’un chantier français, quelque part en Afrique. Elle met aux prises quatre personnages : Horn, un homme riche pour des raisons inconnues , propriétaire du chantier ; Cal, jeune contremaître lié à la disparition d’un ouvrier ; Alboury, frère de l’ouvrier ; Léone, jolie française fraîchement débarquée en Afrique. Il y est question de conflit de générations, de différences culturelles et de l’incommunicabilité qui en découle le plus souvent. Chacun tente de dialoguer et pourtant se retrouve confronté à son propre monologue et à ses contradictions.
Les quatre comédiens sont excellents, mais on apprécie particulièrement l’interprétation épurée et spontanée de M. Zinga. La mise en scène fort
sobre de M. Wright est inégale. En effet, si elle rend certaines scènes efficaces comme le dialogue entre Horn et Cal autour de la table de jeu, elle laisse baisser la tension dramatique dans d’autres. C’est le cas de la dernière rencontre entre Horn et Léone, où séparation et mutilation se déroulent en toute quiétude.
En revanche, la proximité de la scène et l’ambiance sonore et lumineuse, dans laquelle il est plongé d’emblée, offre au public des instants magnifiques. Quand Léone tente de dialoguer en allemand et qu’Alboury lui répond en dialecte, on vit un moment de grande tendresse. Dommage qu’on ne ressente pas ce souffle de vie, cette intensité, durant toute la pièce.