Un fait divers
Ceci est l’histoire vraie d’une fille sans histoire. Généralement, cette fille-là, personne ne la remarquait particulièrement.
Un soir qu’elle marchait dans la rue pour rentrer chez elle, il lui est arrivé quelque chose… Comment dire ?… Quelque chose qui arrive… Parfois.
Mais bon, ce n’est sans doute pas si grave, ça arrive à plein de gens, on ne va pas en faire une montagne... Faut pas exagérer, personne n’est mort non plus !
Laure raconte. Et vous verrez, pour le coup c’est vraiment vivant, courageux, rigoureux, drôle, sans concessions, sans fards. C’est Laure et son histoire avec les toubibs, les flics, les juges, les parents, les amies et les amis de Laure.
C’est Laure dans toute la beauté et la force de ses 30 ans. C’est cette histoire simple comme bonjour, comme il en existe des millions de par le monde. C’est Laure qui parle… Car maintenant le temps est venu de raconter. Parce que maintenant nous sommes prêts à entendre.
C’était il y a quatre ans. Laure a pris le temps d’écrire, pour trouver les mots…
Cette histoire trouve aujourd’hui son achèvement sous les projecteurs pour qu’elle ne soit plus jamais reprise sous la rubrique des faits divers.
UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DE L’ETAT FÉDÉRAL BELGE VIA BELGA FILMS FUND ET DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE. Photo © Gregory Navarra.
Distribution
De Laure Chartier.
Mise en scène : Aurélie Trivillin. Avec : Laure Chartier. Assistante à la mise en scène : Sania Tombosoa. Scénographie et costumes : Delphine Coërs. Lumière : Laurent Kaye. Régie : Sam Seraille.
Lundi 19 novembre 2018,
par
Catherine Sokolowski
Sincère et courageuse
La nuit, un parking, un prédateur. Laure Chartier a été violée. Plutôt que de se comporter en victime désemparée, la jeune femme a décidé de témoigner. Pas tellement de cet acte odieux qu’elle a subi sous la menace d’une arme mais du chemin de croix de la rescapée. Alors elle raconte, elle explique ce qu’elle a vécu, la nuit même, le lendemain et les surlendemains, jusqu’au procès de son agresseur. Cette partie du « fait divers » est ignorée du grand public. Alors Laure s’exprime, avec tendresse, générosité, humour. Le message passe, très bien même. Comment rester indifférent au charisme de Laure Chartier, comment ne pas prendre conscience de la difficulté de l’après ? Un témoignage très touchant.
Cette nuit-là, après l’agression, Laure doit trouver la force de s’en sortir : « il a pris ton corps mais il n’a pas pris ton âme ». Heureusement, il y a ses amies, « M » et « A », ses anges gardiens. D’abord, il y a l’hôpital, la visite chez la gynécologue qui doit pratiquer un « kit viol ». Pas de chance, c’est la première fois. Après ce « pire examen gynécologique jamais subi », elle devra aller à la police, le lendemain. Et puis, il y a le traitement à suivre, pour se parer à toute éventualité de maladie contagieuse.
Courageuse, Laure se motive : « il m’a abîmée mais il ne m’a pas tuée ». La vie continue. Laure est comédienne et doit assurer son rôle dans un spectacle qui se jouera dans une semaine et demi. Dans ce parcours de combattant, il y a l’identification de l’agresseur, la visite chez l’expert chargé d’analyser son profil psychiatrique en vue du procès (« comment expliquez-vous qu’on ait envie de vous violer ? ») et puis le procès…en correctionnelle. Le viol est donc un délit et pas un crime ?
Ses amies, ses parents, ses collègues, Laure est bien entourée. Malgré cette compagnie, bien évidemment, Laure est touchée. Par les remarques de l’expert, par le manque de tact de son avocate, par la procédure. Quand elle croit que l’agression est plus ou moins digérée, elle retombe. Le viol, c’est un drame mais l’après viol n’est pas une sinécure. Un spectacle intéressant. « Un fait divers » est le premier travail d’écriture de la comédienne, un processus qui lui a donné envie de continuer. A bientôt, Laure, avec plaisir !
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