Vendredi 24 février 2012, par Joséphine

Truls Mørk & Khatia Buniatishvili

Les Bozar nous ont concocté une merveilleuse soirée à ne manquer sous aucun prétexte :

Khatia Buniatishvili et Truls Mørk, deux virtuoses en récital.
Khatia Buniatishvili et Truls Mørk font escale à Bruxelles pour un concert exceptionnel. Les deux artistes mettent leur talent au service de Beethoven, de Chostakovitch et de Rachmaninov.

Ludwig von Beethoven Sonate pour violoncelle et piano n°4, en ut majeur (op.102 n°1)

Cette sonate a été écrite dans les années 1815. Beethoven avait déjà écrit ses 8 premières symphonies. La célébrité était atteinte.

En peu d’années, entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle, le violoncelle est devenu un instrument soliste à part entière, sans pour autant délaisser le rôle qu’on lui avait confié qui était de soutenir la ligne de basse dans la musique d’ensemble. Ni Haydn, ni Mozart n’ont écrit de sonate pour violoncelle et piano. Ce qui donne un relief aux 5 sonates composés par Beethoven. On peut dire que dans ces sonates Beethoven a pratiquement tout inventé.

C’est peut-être cette absence de tradition qui lui permit cette liberté. Cette sonate ouvre la porte à sa dernière période créatrice alternant « la forme traditionnelle et l’exploration de régions expérimentales pour l’époque » ouvrant ainsi la porte au romantisme. Beethoven mentionna « sonate libre » sur le manuscrit…
Les critiques de l’époque, perplexes comme souvent devant les dernières œuvres de Beethoven, accueillirent les sonates 4 et 5 en ces termes :
« Elles appartiennent au goût le plus inaccoutumé et le plus étrange, non seulement dans ce genre, mais dans le piano en général… Nous n’avons jamais pu prendre goût aux deux sonates ; mais ces compositions sont peut-être un chaînon nécessaire dans les créations de Beethoven pour nous conduire là où la main sûre du maître voulait nous mener. »

Tout est dit…

Cette sonate écrite dans un style succinct en 4 mouvements aux formes épurées et aux thèmes concis est joué d’un seul tenant.

C’est une œuvre de pleine maturité.


Serge Rachmaninov, sonate pour violoncelle et piano en sol mineur (op 19).

Écrite après le deuxième concerto n° 2 pour piano, cette sonate connut un vif succès.
C’est indiscutablement un des rares chefs-œuvres de musique de chambre de Rachmaninov qui fait plonger le violoncelle dans le romantisme.

Cette partition se présente en 4 mouvements. Une introduction lente au ton inquiet ouvre le premier mouvement. Les 2 instruments se partagent avec éloquence ces pages lyriques et d’une fièvre toute romantique. Avec un violoncelle plein de panache et de passion.
Le deuxième mouvement est rapide sans cependant abandonner la nostalgie ambiante. Le piano virtuose reprend la main dans l’allegro du deuxième mouvement.
L’andante du troisième mouvement est une pause après la passion des deux premiers mouvements. La finale retrouve la vivacité du premier mouvement, et se termine avec une énergie peu ordinaire.

C’est tout simplement beau.

Dimitri Chostakovitch, Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, op. 40

Cette œuvre fut composée en 1934 à Moscou au moment où Chostakovitch reçoit tous les honneurs en URSS. Elle sera cependant très souvent remaniée par le compositeur jusqu’à sa mort. La dernière édition sortit en 1987, soit 12 ans après son décès.
Le ton de cette sonate est beaucoup plus tendu que la sonate de Rachmaninov, créée 33 ans plus tôt. Cela est probablement dû au changement de climat politique du pays mais aussi à la personnalité du compositeur.
Cette sonate en 4 mouvements s’ouvre par un allegro non troppo sur une mélodie sereine par le violoncelle qui se fait l’interprète de plusieurs états émotifs successifs.
L’allegro second est un scherzo ironique et provocateur comme souvent dans les œuvres de ce compositeur. Le piano avec ses rythmes tranchés nous rapproche de l’intermède dansé.
Le largo nous emmène dans une méditation lyrique. L’allegro final est un rondo grotesque conduit par le piano qui nous emmène dans une danse endiablée rejoint finalement par le violoncelle.

On retrouve dans cette sonate l’aspect sarcastique de Chostakovitch.

Je vous conseille de retrouver différentes interprétations de ces 3 sonates tellement différentes sur youtube avant de rejoindre le palais des beaux-arts le 7 mars.