Pour suggérer l’au-delà, le scénographe Wim Van de Cappelle tisse un pont de fleurs et de feuilles reliant ainsi le ciel à la terre. En effet, la terre, la vie n’est jamais loin de ce paradis bucolique et kitsch dans lequel prendra place la chorégraphie de Koen Augustijnen.
Les danseurs, cinq arrivants perdus et déboussolés, cherchent leurs repères. La musique les accompagne et les guide, raconte les émotions... Sceptique, on peut se dire que c’est un procédé bien facile... plus tolérant, on se dit que c’est joli quand même. Mais quand la parole vient s’ajouter aux gestes, à la musique, aux expressions des visages, on commence à se dire qu’il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. Décider de donner la parole aux danseurs s’avère souvent un choix dangereux...n’étant pas acteurs, leur voix tend à sonner faux et est comme doublée de son intentionnalité : je fais du théââââââââââtre.... Au-delà ne fut pas une exception.
Poussant plus loin, on peut également s’interroger sur la pertinence de cette narration. Qu’ont rajouté les mots aux propos du corps ? A mon sens rien que de l’anecdotique. Avait-on vraiment besoin de ces explications ?
Jusque là, le spectacle jouait sur la suggestion : avec la musique pour guide, nous suivions les mouvements des danseurs en inventant nos propres histoires, imaginant celles des personnages. A présent impossible...il n’y a plus de place pour l’imagination : la redondance excessive de cette création ferme les portes de l’évasion.
Les corps des interprètes deviennent porte-paroles de témoignages d’expériences de perte, de questionnement sur le sens de la vie en général et de la sienne en particulier. Veut-on nous faire réfléchir, nous aussi ? Veut-on nous faire penser à nos morts ?
Sans doute que pour certains, peut-être même pour beaucoup, ces procédés didactiques ont fonctionné ; le spectacle a été applaudi chaleureusement. Mais de mon côté, j’ai eu beaucoup de mal à calmer non seulement mon ennui mais surtout mon énervement.