Trois ruptures

Ixelles | Théâtre | Le Boson

Dates
Du 15 février au 18 mars 2016
Horaires
Tableau des horaires
Le boson
Chaussée de Boondael, 361 1050 Ixelles
Contact
http://www.leboson.be
reservations@leboson.be
+32 471 32 86 87

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Trois ruptures

Elle a préparé un repas d’adieu. Il lui reste en travers de la gorge.
Il a rencontré quelqu’un. Elle ne le supporte pas.
Ils ont un enfant : il fait exploser leur couple.
Trois ruptures. Trois effondrements.
Tout un programme.

Distribution

Catherine Salée et Bruno Van Dorslaer :

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2 Messages

  • Trois ruptures

    Le 6 mars 2016 à 02:17 par Yuri

    Cette comédie féroce de Rémi De Vos est une déclinaison, une variation sur le thème des séparations amoureuses dans un texte contemporain, vif et accessible. Les comédiens servent cet univers avec talent, et font naître le rire grâce à leur énergie et à un rythme effréné. Un sème commun dans les variations : la rupture ne semble pas plus simple que la vie de couple. Alors est-ce vraiment une alternative ?
    Les comédiens sont exceptionnels, le lieu (que je découvrais) est fabuleux et très accueillant, et le texte est bon. Difficile de demander plus. C’est, pour le jeu des acteurs, un des meilleurs spectacles que j’ai vu cette année. Chapeau à eux !
    Une analyse plus développée ici.

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  • Trois ruptures

    Le 8 avril 2016 à 14:29 par eruwet

    J’ai été assez déçue par cette pièce... Malgré un texte vif et piquant et deux comédiens dans une grande maitrise de leur personnage, je me suis un peu ennuyée ! Les saynètes se suivent et se ressemblent et à partir d’un certain moment je trouve qu’on tourne un peu en rond ! Dommage !

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Mardi 23 février 2016, par Jean Campion

Attachement indéfectible

Pour Remi De Vos, « Le comique est un moyen de se débarrasser de quelque chose qui n’est pas drôle ». C’est avec un humour féroce qu’il brise les tabous de l’idéologiquement correct, en s’attaquant au repli sur soi (« Alpenstock »), à la souffrance au travail (« Cassé ») ou au fascisme ordinaire (« Occident »). Les « Trois ruptures », vécues par un couple au bord de l’implosion, déclenchent une violence verbale et physique d’une drôlerie implacable. Tenu à distance par la causticité du ton et la cruauté des comportements, le spectateur s’interroge sur la difficulté des rapports humains.

Dans trois situations particulières, un couple, incarné par les mêmes acteurs, vole en éclats. Ils en sont au dessert. Elle a mis les petits plats dans les grands et sollicite les appréciations de son époux. Extrêmement flatteuses. Ce repas est « un avant-goût de paradis ». Brutalement, elle interrompt ce flot de félicitations : « Je te quitte ». Devant le scepticisme de son mari, elle confirme : « pour de bon ». Protestations, aveux de tromperies réciproques, bagarre à propos de Diva, « sa » chienne, qu’elle n’a jamais pu supporter, débouchent sur une monstrueuse vengeance. Même retournement de situation dans la deuxième séquence. En refusant de continuer à vivre avec un mari, amoureux d’un pompier, le femme met le feu aux poudres. Dans la troisième partie, des parents détestent leur fils de quatre ans, qu’ils se refilent comme une patate chaude. Comment échapper à sa tyrannie ? Peut-être en se séparant...

Sur l’écran qui découpe le spectacle en tranches, figurent des indications ironiquement rassurantes. Des clins d’oeil qui, associés à l’humour noir des dialogues, nous incitent à oser rire de cette violence provocante. Pas d’apitoiement ni de condamnation morale, mais une prise de conscience de réalités inacceptables. Quand excédée par un homme « nul dans tous les domaines » ou par un mari homosexuel, la femme décide de quitter le foyer, l’homme s’y oppose. Farouchement. C’est une question de survie. Les insultes, les menaces de ce pervers narcissique reflètent son angoisse de la solitude. Assujettis à leur rejeton, les parents se serrent les coudes pour sortir de l’esclavage. Une complicité teintée de tendresse. Ils se réjouissent d’abuser des caprices du gosse : « On va le baiser, cet enfoiré. » Mais leur haine pour cet enfant indomptable les fait rêver de sa disparition. On n’échappe pas au cercle vicieux de la violence.

Remi De Vos se sent plus comédien que dramaturge : « Quand j’écris, je me mets "littéralement" à la place des acteurs. » Il indique le tempo de chacune des « Trois ruptures » et, jouant sur des changements de rythme, orchestre des échanges percutants. Les personnages tombent dans des quiproquos, patinent sur un mot ou une expression et s’excitent dans des joutes verbales. Mais paradoxalement, les répliques sèches, incisives laissent deviner leur fragilité.

Le couple lambda se déchire dans un univers anonyme : une table, deux chaises, une table à repasser... Dans une alvéole du mur, la présence symbolique d’un cactus. Le cadre intime du "Boson" facilite notre intégration dans cet intérieur banal. Du théâtre en chambre : les comédiens n’élèvent la voix que pour dominer l’adversaire. Dirigés avec rigueur par Bruno Emsens, ils exploitent les ressorts comiques de ces affrontements explosifs, sans tomber dans la caricature. Catherine Salée est désarmante de naturel. Il faut l’entendre envoyer sur les roses un époux qui voudrait : « le beurre, l’argent du beurre et le cul du pompier ». Les maris, qu’incarne Benoît Van Dorslaer, sont habités par des désirs sadiques effarants. Cependant, par son jeu subtil, il laisse filtrer la vulnérabilité de ces hommes qui perdent pied. Comédie grinçante, souvent très amusante, « Trois ruptures » n’étouffe pas l’humanité de ses personnages.

Le Boson