Pour sauver les apparences de leur noblesse, de leur famille, de leur beauté et de leur virginité, les jumelles de quatre-vingt huit ans mènent un combat futile et délirant. Leur bonne centenaire ne se prive pas de leur tendre le cruel miroir d’une réalité qu’elles s’efforcent de falsifier. La décrépitude de ses vieilles dans leur monde en déclin est mise en scène de manière créative et cohérente par Jean-Michel d’Hoop, bien servi par la scénographie d’Aurélie Deloche et les marionnettes-costumes de Natacha Belova. Le jeu dépoussiéré des comédiens paraît tout droit sorti des œuvres de Goya, Ghelderode et Ensor. Cyril Briant, Sébastien Chollet, Pierre Jacqmin et Coralie Vanderlinden emmènent leur marionnette dans le vertige d’une atmosphère glauque, drôle, décalée et carnavalesque. Les railleries grincent, les spasmes d’insultes vomitives se répandent sur tous les murs délavés, résonnent, et ricochent jusqu’au silence de l’effroi. Le déclin, la vieillesse, la mort. Une farce populaire dans l’univers mythique et poétique des maudits.
Trois Vieilles Par la Compagnie Point Zéro
- Dates
- Dimanche 10 octobre 2010
- Horaires
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Tableau des horaires
- Où
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- Contact
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Trois Vieilles Par la Compagnie Point Zéro
[Théâtre-Comédiens et marionnettes] Dimanche 10 octobre 2010 à 20h30 Trois Vieilles
Par la Compagnie Point Zéro Avec : Trois Vieilles de Alejandro Jodorowsky
Mise en scène : Jean-Michel d’Hoop Avec : Cyril Briant, Sébastien Chollet, Pierre Jacqmin et Coralie Vanderlinden Costumes et marionnettes : Natacha Belova Scénographie : Aurélie Deloche Composition musicale : Eric Bribosia Régie générale : Benoît Ausloos Le spectacle
Ces trois très vieilles marquises et leur animal de compagnie (condensé de chien, d’oiseau, de chat) ne sont plus que ruines, décharnées par le temps, la faim, engluées dans leurs lambeaux d’aristocratie et leur château décrépi. Des épouvantails, des charognes, des momies galeuses. Mais pas question de ne pas paraître au bal de la cour et, sait-on jamais, d’y rencontrer le prince charmant qui renflouerait les caisses et le ventre. On secoue donc la robe sans âge, l’éventail, le dentier, la perruque, on joue aux dés celle qui va les porter et on commande le carrosse, sponsorisé par les boissons Lulu… De la pub, viendra l’ironique sauvetage. Mais nous ne vous dévoilerons pas les ressorts de cette histoire qui plonge à pleines brassées dans tous les contes de fée, les références christiques et les métaphores d’une société décadente de l’apparence. Fers de lance de l’inspiration de Jodorowsky, toujours aussi gourmand d’une langue pimentée, le sexe et la mort dansent un joyeux tango, sur des ruines… Sur scène, entre les épaves d’un paravent et d’un lit à baldaquin, quatre comédiens sont les officiants de ce rituel et les manipulateurs virtuoses des trois vieilles, terribles marionnettes façonnées par Natacha Belova, des poupées ravinées, squelettiques, aux yeux caves, aux veines affleurant, une troublante alchimie du vivant et de la mort. Et lorsqu’elles regardent leur manipulateur dans les yeux, le public retient son souffle, dans un silence glacé. On touche là à quelque chose de sacré…
MICHELE FRICHE, mercredi 19 août 2009] Réservation : La Roseraie 02/ 376 46 45 secretariat@roseraie.org www.roseraie.org
Vendredi 12 février 2010, par
Ces aristocrates édentées ont la dent dure
Qu’il prenne la plume, le pinceau, ou la caméra entre ses mains, Jodorowsky dévore le monde avec les doigts, sans pincettes, d’une manière forte et toujours singulière. Son appétit pour les différentes disciplines artistiques, qu’il tripatouille voracement, n’a d’égal que sa boulimie pour les travers de la société et de l’âme humaine. Passées par la moulinette de son regard acide, broyées par l’amertume des mots, elles saignent à l’encre rouge et noire.
La Roseraie
1299, ch. d'Alsemberg, 1180, Bruxelles, Belgique
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