A l’instar de Sources et Double (Prix du public à Avignon Off 2016), Nono Battesti articule son corps comme il joue avec les registres musicaux.
Il passe de l’un à l’autre. Sans prévenir.
Le bruit des sirènes et de l’agitation urbaine ne s’y dérobent pas. Ils annoncent des sursauts ou des crises de convulsions à travers les mouvements des danseurs. Les percussions corporelles laissent place au solo du geste, de la voix et de la guitare. La synchronicité du souffle de Dyna B et la chute répétée des corps nous font oublier la pollution sonore réelle de l’autre côté des murs de la salle Viala.
L’outil de la projection y est savamment manié et permet de reprendre son propre souffle. De courts films entrecoupent différents tableaux. Un mouchoir vole de manière gracieuse. On se surprend à être hypnotisé par la poésie d’un bout de tissu venant peut-être de moucher des cloisons nasales humaines. On s’arrête à contempler un déchet urbain et la peau tendue éclairée d’un tambour. La douceur des sourires et des regards complices dépasse alors l’intensité sonore, visuelle et gestuelle. On traverse le dédale des stimulations en tentant de comprendre soi-même comment on s’en évade.
Aurait-on besoin de plus de silences pour apprécier davantage l’intensité du blues ? La puissance du live se suffirait-elle à elle-même sans effets de voix microphoniques ? Peut-être pas.
Trance – comme le genre musical du même nom- se distingue par une pulsation constante. Sans repos. Le quatuor réussit à suspendre le temps et à s’ancrer avec légèreté sur un passage clouté éphémère.