Né dans les années 50 à Prague, le théâtre noir est un mélange de genre qui se développe sur les innovations de techniques de projections pour en arriver à croise le ballet, la pantomime et les marionnettes. La grande spécialité, qui lui a valu son nom, est une manipulation dans l’obscurité la plus totale d’objets réactifs en black light, faisant ainsi apparaître des éléments improbables et mobiles : animaux, monstres, etc. Souvent sans paroles, ce type de spectacle semble indiqué pour des scènes internationales.
Ce spectacle-ci est donc une belle réussite internationale puisque la technique pragoise est ici utilisée par une compagnie chilienne sur une scène belge. Les quatre comédiens de la troupe Teatro Engranaje font donc apparaître une série de tableaux animaliers allant de la paramécie à une espèce d’éléphant. Belle réussite : chaque animal représenté possède son caractère propre. Humour et poésie sont donc au rendez-vous dans ce spectacle qui est un bon moyen de découvrir cette technique rare.
Toutefois, la technique permet d’aller plus loin que ce que le Teatro Engranaje propose. On peut ainsi regretter qu’il y ait ici uniquement de la manipulation, ce qui ne mêle pas fort l’humain au spectacle alors que c’est la force du théâtre. Dans la même voie, quelques imprécisions rompent parfois la magie et rappellent le "trucage".
A titre personnel, je regrette également l’absence de narration. Le spectacle est une suite de tableaux, poétiques et très jolis, mais sans réel lien de l’un à l’autre. Le seul élément narratif présent est une "reprise" : l’ouverture jouée par un homme est reprise en clôture par une femme. On ne peut donc commencer à se raconter une histoire qu’au moment où le spectacle se termine. Dommage.
Voilà pour le spectacle. Mais ici, il y a un intérêt supplémentaire, en plus du show en lui-même : c’est le premier spectacle d’une série de cinq spectacles internationaux proposés par le Théâtre 140. Une belle occasion de découvrir des techniques, des cultures et des sensibilités différentes. A suivre, donc.