Parler de tout et de rien, n’aborder les choses qu’en surface, pour mieux laisser voir les profondeurs… Tel pourrait être le credo de l’auteur.
Devant nous, la salle de pas perdus d’un musée, antichambre de l’exposition tokyoïte du lumineux Vermeer, lieu où les vingt protagonistes de la pièce se croisent, respirent, soufflent, souffrent. En silence ou paroles lentes à venir. Parce que chez Hirata, on ne parle que quand ce silence devient trop pesant… Pas de psychologisme torturé ici. Juste une scène qui représente l’humanité dans ce qu’elle a de plus simple, un couple à nouveau réuni, des retrouvailles entre un professeur et son ancienne élève, une famille qui se déchire doucement dans le silence, une jeune héritière qui fait don de l’œuvre paternelle au musée… A Tokyo comme cela le pourrait être à Bruxelles ou Paris...Et entre sorties et entrées, lent ballet d’errements muséaux, guerre européenne et violente en filigrane…
Utilisant l’espace des Tanneurs de manière inhabituelle, Lukomski pose les gradins à l’endroit où lors des autres pièces se tiennent les acteurs, l’espace généralement dévolu au public devenant aire de jeu. Ce qui permet une utilisation des entrées, escaliers et même…des toilettes, pour un hall de musée des plus crédibles, entre machine à café et présentoirs de prospectus…
Pas un bruit dans les gradins… Soit que les spectateurs sont captivés par l’ambiance si doucement japonisante, subtile et translucide, qui règne entre les comédiens. Soit qu’ils soient un peu las des lenteurs asiatiques… Il est vrai que le rythme est inhabituel, de même que l’utilisation de la parole, qui s’interrompt, se coupe, se superpose… Une sorte de polyphonie pour voix et silences, cathédrale orientale de mots et d’air… A cet exercice, on sent quelques-uns des comédiens moins à l’aise, mais gageons qu’ils ne pourront que gagner en assurance tout au long des représentations…
Au final, ils nous offrent tous un spectacle fin, qui nous transporte vers une universalité sensible. Et le voyage est à recommander, chaudement !