« La surprise du chef » est une petite comédie de boulevard moderne écrite par un saltimbanque qui ne mâche pas ses mots. Certains vocables jetés à « la tronche », sont certes inconfortables – on a droit à quelques platitudes- mais le jeu des acteurs a fait tout. Alain, la quarantaine, glande en liquettes dans son appart design noir et blanc à la recherche de l’inspiration musicale. La sculpturale et dynamique Sylviane est seule à faire bouillir la marmite, ce qui la fait bouillir par la même occasion. Il cache à Sylviane le fait qu’il continue de rencontrer ses vieux amis musiciens et voudrait bien sûr se dérober à « la » soirée de consécration professionnelle de sa femme, élevée au rang de « counseling manager ». Un début de spectacle un peu tâtonnant, les échanges domestiques ne sont pas ultra-passionnants. Un peu trop « tranche de vie ».
Tout s’organise néanmoins avec un malade imaginaire, - merci Molière ! - et une avalanche de mensonges prêts à pleuvoir dans la corniche. Il y a le comique de répétition et le comique de répétition. Parterre et gradins bondés de joyeuses tablées de sortie sirotant de délicieuses bières, s’esclaffent et ouvrent les vannes de l’allégresse. Il y a le copain filiforme Pierre qui se transforme en femme médecin, passe par les corniches, et trébuche dans les quiproquos travelo. On aime ou on n’aime pas. Il y a le copain André court sur pattes, horribile visu dans son impeccable training années 80 couleur turquoise. A trente ans passés, il vit toujours chez sa mère et cherche en vain l’amour sur internet. Il y a trouvé Belinda, de son vrai nom Monique belle et charmante : vingt-cinq ans ? C’est elle qui débarque dans l’appartement de plus en plus surpeuplé, sans oublier le clébard, le poisson et le chat. Elle déploie une fraîcheur un peu naïve et déborde d’optimisme malgré de nombreux revers professionnels et affectifs. Et dès ce moment, la comédie, un peu mince quand même, de glissades de corniche en galipettes bon enfant, pour terminer en Requiem pour un fou chanté par une belle gueule d’amour, finit par briller de tous ses feux. And we have been « entertained ! »
Dominique-Hélène Lemaire