Soudain l’été dernier
Sebastian est mort mystérieusement au Brésil, l’été dernier. Sa cousine Catherine, qui a assisté à sa mort, est devenue folle. Sa mère Violet Venable, riche bourgeoise attachée à ses valeurs et à sa réputation, fait venir le docteur Cukrowicz, neuro-chirurgien : elle tente de le convaincre qu’une lobotomie rendrait la raison à sa nièce... et laisse entendre à Cukrowicz que, s’il opère Catherine, elle fera une donation importante à son hôpital. L’Histoire regorge d’exemples de manipulations éhontées, de discours mensongers et de réalités détournées destinées à créer une nouvelle réalité plus confortable. Lorsque ceux-ci visent. Lorsque ceux-ci visent à faire taire définitivement les victimes, à étouffer la vérité et à semer la mort autour d’eux, ils sont parfois démantelés. Souvent trop tard. Soudain, le théâtre réveille en nous un désir de vérité. Après « Des souris et des hommes », « Mort d’un commis voyageur », « Un tramway nommé désir », vous retrouverez toute la complexité humaine déployée dans le grand théâtre américain, avec une troupe d’acteurs remarquables pour porter à la scène la comédie de la dissimulation ! Une création et coproduction du Théâtre Le Public et du Théâtre de Namur, avec l’aide du centre des arts scéniques.
Mardi 30 novembre 2010,
par
Samuël Bury
Qui a tué Sebastian ?
Tennessee Williams avait signé, avec "Soudain l’été dernier", une œuvre forte en ce qu’elle dénonçait des sentiments encore honteux sur l’homosexualité, un rapport plus qu’ambigu avec l’autre qu’est l’étranger et une certaine idée de la folie. Des thèmes lourds qui interrogent toujours. Du pain béni pour les planches. Jouer ce texte, un bon plan a priori.
Alors, oui, le travail de Michel Kacenelenbogen est bien fait. Une structure scénique solide et parfaitement séquencée, un somptueux décor de serre tropicale plus vrai que nature, une belle garde-robe d’époque (grande bourgeoisie des années 50) et une distribution subtilement choisie. Bref, une composition maîtrisée d’éléments consistants qui offre un bon moment de théâtre.
Mais une réussite un peu facile aussi. Car on peut lui reprocher d’avoir joué la carte de la recette classique qui marche toujours. Et aussi de s’être enfermé dans des codes un peu trop rigides (le décor d’un réalisme brut, le verbe emprunt de tragique perturbateur, les mouvements posés avec une tendance au sur-jeu).
Rien à blâmer au fond, mais on quitte la salle sans grande surprise, après avoir assisté à une adaptation un poil trop conformiste. Les sujets sont forts mais la forme ne les soutient pas suffisamment.
De cette pièce globalement agréable sort aussi une figure. Celle de Magali Pinglaut qui jette une prestation puissante. C’est même à travers elle que l’on trouvera la substance de ce texte torturé.
Samuël Bury
12 Messages