Avec une chaise et une ampoule pour seul décor, le comédien commence à raconter, de manière simple, presque détachée, la vie qu’il mène et son travail, acteur de peep-show. Mais peu à peu, ce qui passait pour du détachement au premier abord apparaît plutôt comme une résignation, une fatigue face à un combat contre les coups et blessures de la vie. Combat dont on ressent la violence dans les quelques moments d’emportement d’une rare intensité, en contraste avec le calme étrange du reste du monologue.
Cependant, si le ton hésitant est sans doute propre à celui qui n’a jamais eu la parole, dont l’histoire n’est jamais racontée, il devient rapidement monotone, voire agaçant.
Soulignant la fragilité de ce personnage plongé dans un univers très dur, la diction et le phrasé du comédien finissent cependant par casser le texte qui semble ainsi sonner plat alors qu’à y écouter de plus près, il n’en est rien.
Il s’agit là d’un texte fort qui, même s’il n’échappe pas à quelques clichés, raconte avec talent le parcours de cet homme, seul au cœur de l’humanité, ainsi que l’humilité de sa quête. Un appel intérieur au respect ; une recherche de dignité ; une réflexion sur son rapport à l’autre, au regard de l’autre.
A son propre regard également, à cette image de lui-même que lui renvoient chaque soir, ces miroirs devant lesquels il « travaille ». Pendant un quart d’heure, toutes les heures, il s’offre à ces autres qui l’observent mais qu’il ne voit pas. Et le reste du temps, il cherche un autre regard, celui qui le verra lui, vraiment… et c’est sans doute l’appel qu’il lance au spectateur, à qui il livre ainsi une toute autre intimité.
Un spectacle inégal, où étrangement le jeu empêche souvent d’accrocher au texte, mais qui offre également quelques moments d’une grande beauté, comme cette sortie de scène sur les notes de « Hope there’s someone », son dernier chant d’espoir : échapper à sa solitude.