Selon que vous serez puissant ou misérable

Bruxelles | Théâtre | Les Riches-Claires

Dates
Du 7 au 24 novembre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lesrichesclaires.be
accueil@lesrichesclaires.be
+32 2 548 25 80

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Selon que vous serez puissant ou misérable

Qui était La Fontaine ? À travers ses fables, ses contes licencieux et un fourmillement d’anecdotes sur sa vie, Dominique Rongvaux nous entraîne dans une enquête passionnée sur les traces de ce génie si mal connu qu’était La Fontaine. Peu à peu se dessinera le portrait d’un artiste confronté au pouvoir absolu mais épris de liberté, d’un solitaire qui mit toujours l’amitié au-dessus de tout, d’un poète inoffensif dont les écrits sont les plus subversifs de son siècle. Une enquête passionnée sur les traces de celui qui est encore aujourd’hui « le plus moderne des philosophes ».

Du 7 au 24 novembre
Le mercredi à 19h, du jeudi au samedi à 20h30.
Deux représentations le jeudi 8 novembre : à 14h et à 20h30
Tarif unique 8€ (2e mercredi de série) : le 14 novembre à 19h
Tarif unique 6€ (Lundi Théâtre) : le 19 novembre à 20h30

Distribution

De et avec Dominique Rongvaux
Mise en scène : Maria Abecasis de Almeida
Création Lumières : Nicolas Fauchet.
Une production de La Fabuleuse Troupe asbl.

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6 Messages

  • Selon que vous serez puissant ou misérable

    Le 9 novembre 2018 à 21:41 par afrg

    Excellent spectacle. L’occasion de déguster avec plaisir la brillante écriture de Lafontaine, mise en valeur par un comédien "habité", très talentueux et.un texte bien construit. On est accroché tout le long de cette pièce. COUREZ-Y, COUREZ-Y !!!

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  • Selon que vous serez puissant ou misérable

    Le 9 novembre 2018 à 22:15 par Clélia

    "Selon que vous serez puissant ou misérable" était tout bonnement exceptionnel. Je n’ai pas vu le temps passé !
    Le comédien nous emporte dans sa folle aventure grâce au pouvoir de ses mots plein de sens et à son attitude nonchalante et attachante.
    J’ai adoré !

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  • Selon que vous serez puissant ou misérable

    Le 10 novembre 2018 à 14:34 par C. ThéO

    Si Jean De La Fontaine nous le recommande...
    Dominique Rongvaux joue tant avec le public, que ce dernier (composé alors de bcp d’ado.) se prend au jeu.
    Simple et intense, les mots font la part belle aux silences, jouent entre eux.
    Le texte est à la hauteur de l’Auteur, cela aurait pu duré des heures, tant le flots des mots nous emporte. Le comédien, élégant, nonchalant, nous emmène à la recherche, à la poursuite de Jean De La Fontaine et nous partage sa passion.
    Beaucoup auront envie de re.lire en partie.totalité les fables que nous récitions à l’innnocence de l’Enfance.
    Peu importe de quel animal nous soyons fait.e.s, nous nous reconnaîtront tous et prendrons sagement, drôlement, la leçon de morale dans l’ordre du désordre.

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Mercredi 14 novembre 2018, par Jean Campion

Un La Fontaine plus proche

Horripilés par le succès persistant de La Fontaine, certains critiques le considèrent comme un lèche-bottes, un faux naïf, un monsieur de La Palice bêtifiant, dont les fables ennuient les enfants, sans intéresser les parents. Dans "L’Emile", Jean-Jacques Rousseau interdit la lecture des fables aux élèves, car leurs morales les pousseraient plus au vice qu’à la vertu. Dominique Rongvaux ne comprend pas cette hostilité. Admirateur du poète irrévérencieux, qui veut plaire en instruisant, il tient à lui rendre justice et lui confie malicieusement la présentation du spectacle :
"Je vous recommande grandement ce Monsieur Rongvaux
Artiste de talent, qui n’en fait jamais trop,
Grand comédien
Plus d’un mètre quatre-vingts,
Il vous fera découvrir quelques-uns de mes écrits..." (Programme)
Jean de La Fontaine

En costume 17e siècle, Dominique Rongvaux nous salue par quelques gracieuses révérences, puis nous dit "La Laitière et le pot au lait". Dans cette fable, l’auteur reconnaît que comme Perrette, il bâtit des châteaux en Espagne et se retrouve "Gros-Jean comme devant". Par ce choix de fables, incrustées dans sa biographie, Rongvaux évoque les liens entre l’homme et l’oeuvre. La Fontaine ne se contente pas d’observer ironiquement les moeurs de son temps. Il révèle ses faiblesses et défend ses valeurs. L’acteur ne joue pas le prof érudit. C’est plutôt un dilettante qui se sert nonchalamment d’un matériel didactique rudimentaire (chandeliers éclairant un lutrin, photos et affichettes suspendues au fil...du temps, minuscule dictionnaire) pour souligner quelques traits de caractère.

La Fontaine n’était pas un homme d’argent. Comme la poésie qui l’attire n’est pas rentable, il suit à contre-coeur des études de droit, devient avocat, mais exerce très mal son office de Maître des Eaux et forêts. Pour lutter contre ses difficultés financières, il entrera au service de différents protecteurs. Entre autres Nicolas Fouquet, le surintendant des finances. Lorsque celui-ci est condamné à finir ses jours en prison, La Fontaine, esprit frondeur, est un de ses rares défenseurs. Une amitié fidèle, que Louis XIV lui fera payer, en retardant son admission à l’Académie française. Ironie du sort, quand il sera enfin élu, l’écrivain devra rendre hommage à son prédécesseur : Colbert, l’ennemi de Fouquet.

On a oublié le théâtre de La Fontaine. De nombreuses pièces n’ont connu que de cuisants échecs. Les deux contes licencieux, qui figurent dans le spectacle, ne brillent pas par leur hardiesse. En revanche la qualité des fables est inégalable. Le comédien nous en convainc par son jeu sobre et intense. Economisant ses gestes, il varie les tons, change de rythme, laisse parler le silence. Tout en retenue, il insuffle de la vie à ces petites comédies. On savoure la malice et la fluidité de ces textes, trop souvent massacrés dans les récitations scolaires. Dominique Rongvaux se garde bien de les commenter. Mais il s’offre parfois une pause, pour nous inviter, d’un regard complice, à réfléchir au rôle de la littérature. Cette confrérie d’âmes sensibles peut aider à changer le monde.

Les fables fusent inopinément dans le récit. Malgré cette dispersion, des idées chères à l’auteur émergent. La mauvaise foi des puissants, qui écrasent les faibles pour des raisons injustes, l’écoeure. Comme en témoignent le procès honteux des "Animaux malades de la peste", ou le dialogue de sourds entre "Le loup et l’agneau". "Le savetier face au financier", comme "le loup face au chien" refusent de perdre leur liberté. On ne peut pas la sacrifier sur l’autel du profit ou du confort. Girouettes ridicules "le meunier, son fils et l’âne" dénoncent la soumission aveugle aux conseils d’autrui. Et en "tenant conseil", les rats déplorent la lâcheté des conseillers.

"Jean s’en alla comme il était venu,
Mangeant son fonds après son revenu,
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien sut le dispenser :
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire."
L’auteur de "Selon que vous serez..." se plaît à citer cette épitaphe, composée par La Fontaine lui-même. L’autodérision du poète montre qu’il se soucie peu de son image. Ce n’est pas un donneur de leçons. Sans illusions sur la nature humaine, il écrit des fables qui visent à amuser ses lecteurs et à leur ouvrir les yeux, pour mieux profiter de la vie. En revendiquant son détachement des biens matériels et son droit à l’inactivité, il refuse d’être l’otage du rendement. Comme les adversaires du travail aliénant, mis en valeur par Dominique Rongaux, dans son seul en scène précédent : "Eloge de l’oisiveté"

Jean Campion

Selon que vous serez puissant ou misérable

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