« Les feuilles mortes se ramassent à la pèle, les souvenirs et les regrets aussi… »
Si, dans le souvenir de chaque spectateur sont bien gravés les superbes textes de Jacques Prévert, portés par les notes intelligentes et habiles de Kosma, on peut néanmoins parfois regretter l’interprétation très classique de ceux-ci dans cette réalisation de Jules-Henri Marchant.
Trois tables éclairées d’œillet rouge en fond de scène, piano et praticable pour le récitant à l’avant, le décor plutôt cabaret est planté. Entrent les protagonistes de cette heure et demi de spectacle, qui tantôt diront, tantôt chanteront, tantôt joueront (mention particulière du jeu splendidement physique et interprétation magistrale de l’accordéon de Didier Laloy) les mots de Prévert.
Diction frisant la perfection et style un peu ampoulé diminuent quelquefois la fraîcheur et la spontanéité des textes, et on peut être surpris par le choix du chanteur, ténor baroque (Jean Delescule) qui, sans toutefois manquer de jeu fin et d’interprétation nuancée, donne parfois un souffle un rien trop lyrique à l’ensemble.
Mais au final, grâce notamment aux petits moments de grâce portés par l’accordéon, le spectacle tient sa promesse : mettre en musique la poésie de Prévert. A conseiller à tous ceux qui voudraient réentendre ses mots, sans pour autant craindre un style un peu académique. Pour goûter encore et toujours à cette poésie complexe de simplicité et fascinante, entre souvenirs de déclamations d’écolier, feuilles mortes et premiers émois…
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