Sur le plateau, ils sont là. Ils nous attendent. Ils sont encore comédiens, déjà un peu personnages. Un adolescent plein de questions, une femme qui n’accepte pas d’être aimée, un écologiste convaincu, une scientifique qui a une explication pour tout...plus qu’un panel de types humains, c’est autant de sources diverses de questionnement que met en mouvement « Si demain vous déplaît ». Mais si les dix comédiens campent différents personnages-figures, ils garderont leur prénom car c’est du monde d’aujourd’hui qu’il est question même si c’est le chemin vers demain qui est interrogé.
Enfermés, cernés par un mur de briques blanches – scénographie inventive signée par le metteur en scène – ces hommes et ces femmes déambulent dans ce microcosme figurant notre société.
La première partie s’ouvre sur la parole de l’adolescent interrogeant nos mythologies contemporaines - qu’est-ce que le capitalisme ? le communisme ? l’anarchisme ? - et se veut l’analyse de notre monde actuel. Mais à l’heure où il est de bon ton de brasser les thèmes du développement, de l’écologie, ou encore de notre modernité qui se précipite droit dans le mur, Armel Roussel arrive avec brio à traiter ces sujets essentiels sans tomber dans un moralisme cliché ni proposer de solutions à l’emporte-pièce.
Le texte – lui aussi d’Armel Roussel et nourri de nombreuses lectures – évite ainsi les facilités et sa forme fragmentaire permet d’aborder les thèmes chers à l’artiste – la recherche du bonheur, la beauté, les utopies – et ses questions sur notre monde de manière décalée.
Mêlant diverses formes d’expressions, la seconde partie de la pièce se voudra plus chaotique, peut-être parce que, quand tout est à reconstruire, les possibles deviennent infinis. Proposée comme de l’art brut, des utopies à l’état sauvage, elle apporte un pendant intéressant mais, en traînant en longueur certains passages, elle n’évite pas quelques écueils du théâtre contemporain.
« Si demain vous déplaît » participe d’un théâtre qui se politise tout en restant à sa place et nous ouvre à la réflexion sans lourdeur grâce à un texte tantôt drôle, tantôt prenant, à une mise en scène très rythmée, sans oublier la création sonore sans égale de Brice Cannavo.