Ressacs

Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 13 au 18 janvier 2015
Horaires
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+32 2 203 41 55

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Ressacs

A l’origine : un couple perdu en pleine mer sur un petit rafiot. Jouet des vents dominants, le couple tangue, le rafiot aussi. Et les directions sont incertaines.Leur dénuement est complet. Ils ont tout perdu : la maison, "a beautiful house in a residential area", la voiture à crédit, le french garden "with so marvelous roses" : la banque a tout repris. Seul Jésus peut encore, pensent-ils, leur venir en aide et leur rendre leur "colour TV". Ils font appel à lui dans un déchirant Gospel de fortune et finissent par échouer par hasard sur un morceau de terre. Vierge ? N’y a-t-il pas là quelque chose à faire, à prendre, à construire ? En rêve, dans la nuit, passent les caravelles de Colomb, accompagnées par la musique des grandes conquêtes...

De et par : Agnès Limbos et Gregory Houben
Regard extérieur et collaboration à l’écriture : Françoise Bloch
Une production de la Compagnie Gare Centrale
Du 13 au 18 janvier à 20h30, le mercredi 14 novembre à 19h30 et le dimanche 18 décembre à 15h au Théâtre National
Prix : 19 € - 15 € - 10 €

Réservation : 02/203.53.03

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1 Message

  • Ressacs

    Le 16 janvier 2015 à 11:14 par Annick

    J’ai adoré ce spectacle !

    Vraiment
    touchant, plein d’émotion, de sensibilité, de poésie, marrant,
    inventif, percutant et le message est reçu 100% - tout en simplicité
    mais parlant ! 

    L’utilisation de l’anglais (basique) est
    probablement un peu déroutant pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue
    de Shakespeare, même si les objets et leurs déplacements permettent de
    comprendre l’histoire, mais cela crée une certaine distance qui renforce
    l’imaginaire du spectateur .... bien vu ! 

    Bravo .... on en redemande .... un spectacle qui nous rend
    notre sourire, malgré le sujet (’la crise’) et l’actualité désastreuse - un tour de
    force .....

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Lundi 19 janvier 2015, par Blanche Tirtiaux

Plateau miniature pour récit d’envergure

Incroyable ce que peuvent raconter quelques objets lorsqu’ils sont manipulés avec humour et partition. Ressacs est un théâtre d’objets drôle et décalé qui dit beaucoup avec très peu en transgressant la pesanteur d’un destin a priori tragique. Un spectacle tragico-comique de la Compagnie Gare Centrale !

Un couple on ne peut plus ordinaire : a beautiful house in a residential area, la voiture rouge, le crédit. Et puis tout d’un coup, il n’y a plus rien, sauf le chien. Les deux acteurs en scène voient progressivement leur faible capital s’envoler et les objets qui constituent leur vie disparaître de la table qui est devant eux. The beautiful house is lost, la chemise élégante qui va avec aussi. Les voilà subitement à moitié nus devant une mer de velours bleu, errant sur un rafiot de fortune, transposition poétique de leur état de détresse. Elle et lui, aux côtés du chien en plastique, poussent la chansonnette pour raconter leur histoire terrible accompagnés par un petit clavier au son métallique.

Ainsi, les deux acteurs, Agnès Limbo et Grégory Houben, usent de la musique, du rythme et des allées et venues des objets sur leur plateau miniature pour faire évoluer leur histoire. Ils présentent avec une implacable simplicité leur ruine et nous rions à gorge déployée de cette ironie. Un humour décalé et zinneke entre flegme british et auto-dérision à la belge rend le tout incisif tandis que les moyens utilisés demeurent économes. Et puisque tout va si mal, et qu’il n’y a même pas de whisky pour oublier – no money, no whisky, nothing ! – le bateau finit par s’échouer en Afrique.

L’anecdote tragique se transforme soudainement en une allégorie évocatrice. L’Afrique, terre de ressources, l’occasion ultime de refaire fortune ? Dans la nuit, passent les caravelles des grandes conquêtes... Elle et lui refont surface, se travestissent et se métamorphosent, ils entament un nouveau bout de leur vie et racontent avec elle un pan de l’Histoire.

La singularité du spectacle tient probablement de l’alchimie entre les acteurs, musiciens interprètes et manipulateurs d’objets. Ressacs est en ce sens dans la lignée des formes déjà expérimentées par le duo : un dialogue entre jeu et narration où les deux protagonistes jonglent d’un statut à l’autre, où les registres et les langues se mélangent dans un élan créatif. L’atmosphère crisse, craque, grinçouille, résonne A, E, I, O, U, fait pim, pam, « Darling ? », et nous emporte dans un ailleurs ludique et déjanté. Au travers du destin un peu absurde des deux zigotos nous voilà plongés dans la tragédie coloniale, dans la course éperdue au pouvoir et à l’avoir. Bien envoyé.

Blanche Tirtiaux

Théâtre National Wallonie-Bruxelles