Seul sur scène, assis sur une chaise, le micro collé au coin des lèvres, Pippo Delbono se livre aux oreilles avides et, pour la plupart d’entre elles, conquises d’avance des spectateurs. Un public complice réuni pour entendre parler cet homme qu’il connait et qu’il aime, pour l’entendre se confier, tantôt avec douceur, tantôt par des cris. Le français et l’italien se mélangent lors de cette conférence/représentation, les anecdotes drôles et les réflexions graves se succèdent pendant une heure et demie. C’est long, on ne comprend pas toujours tout, on perd parfois le fil : il y a tellement de choses qui sont dites dans ce français souvent écorché, tellement de choses dites très vite que l’on a du mal à suivre.
Est-ce grave, voire même dérangeant ? Ce serait se formaliser pour peu. Parce que l’essentiel c’est le corps de cet homme face à nous, ce corps qui danse, encore une fois, la chorégraphie conçue lorsque l’artiste n’arrivait presque plus à marcher. C’est ce regard doux qui se fait violent, cette voix affirmée qui se met à trembler un peu.
Pour parler de sa vie, Pippo Delbono convoque les textes de Sarah Kane, Shakespeare, Pasolini, ces artistes qui l’ont accompagné tout au long de son existence, ces mots qui l’ont soutenu aux moments où tout semblait s’écrouler. On comprend que pour cet homme le théâtre est une bouée, de l’air frais, de la nourriture... Que sans le théâtre, il ne serait peut-être plus là.
Le spectacle se finit sous un tonnerre d’applaudissements. Certes, le public applaudit la performance mais très vite, c’est surtout son soutient et son amour qu’il communique ainsi à l’artiste. Un moment émouvant pour clôturer ce spectacle pour âmes sensibles.