Moulée dans un pantalon pailleté, elle s’avance vers le public en déroulant un tapis comme pour un défilé sauf qu’elle porte un masque hideux de clown car ici rien de charmant, elle crache toutes les insultes faites aux femmes sur une danse au rythme techno et dans une langue espagnole (surtitrée) qui crépite comme un lance-roquettes.
« Ça rebondit, ça rebondit et ça t’éclate en pleine face », ce sont les paroles d’une comptine répandue dans les cours de récréation en Espagne qui signifie « C’est celui qui le dit qui l’est ».
Dénonçant les failles de l’éducation donnée aux filles comme aux garçons, elle démonte sur le même tempo les absurdités et les stéréotypes sexistes des contes de fées et des blockbusters. Avec un humour qui n’épargne rien ni personne, elle trace son plaidoyer contre l’indifférence et l’immobilisme.
Créé en 2017, avant Metoo, le projet visait à secouer une Espagne où la violence faite aux femmes était encore un sujet tabou en dépit de chiffres record (en moyenne deux femmes tuées chaque semaine par leur mari, leur fiancé ou leur ex-). « Nous les femmes, nous sommes complètement abandonnées par les politicien·nes" : Agnés Mateus crie l’urgence de réagir. Et si elle se démène autant sur scène, c’est dans un but d’empowerment, de transmission d’énergie commune, comme le slogan d’un refrain féministe : "Nous sommes fortes, nous sommes fières ».
Depuis le spectacle a fait son chemin, remportant plusieurs récompenses et même si le monde politique ne se réveille pas, la force spectacle suscite partout le même enthousiasme.
Agnés et son metteur en scène Quin Tarrida sont des artistes multidisciplinaires qui s’intéressent à diverses formes de violence. Leur précédente production « Hostiando a M » visait les exactions policières. Le secret de leur impact est de ne pas traiter le problème de manière explicite mais sur le mode d’une satire grotesque spectaculaire.
À couper le souffle !!!
Palmina Di Meo
Photo : © Quim Tarrida