Le prologue est exceptionnel. Acteurs parés de beaux costumes évoquant la première moitié du 20e siècle, gestuelle très emphatique façon cinéma muet, harmonie des couleurs qui rappelle la peinture ancienne, phrases bien pesées : en quelques minutes, le ton est donné et les dix saynètes sont annoncées.
La suite ne laisse jamais à désirer. Des répliques délicieuses, comme dans « Hitler et Eva Braun », le 5e acte, quand Eva nous précise, avec un délicieux accent allemand, « Eva avec Adolph, pas Eva avec Adam », faisant allusion au premier sketch de la soirée. Autodérision savoureuse juste après, dans « Blanche Neige et la Reine », quand cette dernière questionne candidement le public « c’était bien, ma reine ? » et part horriblement déçue parce que personne ne lui répond. Un langage corporel fabuleux, particulièrement remarquable dans « Jésus et la Vierge », la 7e saynète, au moment où le chemin de croix de Jésus est réinventé à l’aide d’un piano.
Un tel mélange de rigueur, d’imagination et de drôlerie est rare, à l’image du titre d’ailleurs, subtilement évoqué par la présence ponctuelle d’un coq et la vision subreptice de sirènes. Professionnalisme, humour et talent caractérisent cette pièce, légère et entraînante, particulièrement bienvenue dans la frilosité de ce mois de décembre enneigé. Allez déguster chaque petit morceau de ce gâteau théâtral, vous en sortirez rassasié.
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