Le texte initial de Rolland Westreich et Sam Touzani, nourri d’éléments autobiographiques est ramené ici à l’essentiel dont il tire une force et une belle clarté. Tout en sobriété, voire épurement, cette transe-en-danse de vie est mise en scène par les transdisciplinarités d’Isabella Soupart qui déconstruit, casse les codes et cherche comment dire l’humain avec justesse, par le corps, les mots, l’image, la musique. Elle y arrive souvent, mais pas toujours. Et c’est tant mieux, sinon elle donnerait raison à ce qu’elle veut éviter : les systèmes. Les choix de sa direction d’acteur induisent par moments un nivellement des rythmes, comme une linéarité narrative dans la diction, qui semble allonger le déroulement du temps. Parfois ils donnent une impression de retenue émotionnelle, d’expression contenue, qui tient le spectateur un peu à distance d’une véritable empathie ressentie et partagée. Les désaccords-à-corps d’Eléonore Valère-Lachky et Sam Touzani s’expriment sublimement dans leurs solos et duos sensuels, dansés sur les accords beaux et forts, de Malena Sardi et Thomas Turine.
Allez voir la métamorphose (toujours en cours) de Sam Touzani. Allez (re)découvrir un artiste qui ose remettre en question les acquis de sa longue expérience et relever le défi de partager cette recherche fructueuse avec un public. C’est suffisamment rare dans la profession pour être souligné et applaudi.