Après le succès de « Boeing Boeing » la pièce française la plus jouée au monde, le TTO marque encore le coup avec « Pyjama pour six », vaudeville du même Camoletti, ici charpenté à outrance. D’entrée en matière, on nous livre le ressort de la pièce. Mais le dénouement ballotté, en « apesanteur », d’un claquement de porte à l’autre, étiré jusqu’à l’épuisement de toutes les ficelles du genre, engendre deux heures de rires et de détente absolue.
La réussite d’une pièce construite, comme celle-ci, sur la répétition des retournements de situation et les intrigues sérielles repose sur le talent des comédiens et le comique de situation qu’ils nous donnent à voir.
Et les six comédiens du TTO Catherine Decrolier, Julie Duroisin, Emmanuel dell’Erba, Antoine Guillaume, Camille Pistone et Coline Wauters relèvent haut la main le défi.
Portés par une mise en scène précise dans sa détermination à servir l’efficacité du texte, ils « gomment » les invraisemblances et « empochent » notre « suspension consentie de crédibilité » avec une aisance désarmante. Le « prévu » bascule dans l’imprévu, les quiproquos se succèdent avec une fraîcheur inattendue, la composition des personnages n’élude aucun détail. Un coup de chapeau spécial à Julie Duroisin dans son personnage de bonne à tout faire, les pieds sur terre et la langue dans le terroir liégeois. Mais tous, ensemble, ils cimentent la solidité des répliques par un jeu au tempo modulé sur la surprise des actions. Quelques clins d’œil cinématographiques : une scène de cascade, des arrêts sur image, et le classique vaudeville prend de suite un coup de jeune.
À voir pour passer une soirée vraiment délassante.
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