Qu’est-ce qu’un héros ? Comment l’être et que sacrifier ? Comment l’intime et le politique peuvent-ils se mêler ? Quel fantôme ou quelle idole compose notre façon d’être au monde ? Autant de questions que Politicovskaia annonçait… mais à vouloir trop dire, la pièce semble ne plus rien dire du tout…
Elle s’ouvre sur Mémé, jouée par Thibaut Nève lui-même, tel un sketch de François Pirette. Si le clin d’œil fait sourire, que la grand-mère à l’accent prononcé nous attendrit malgré son caractère bien trempé, on se lasse assez rapidement de Middelkerke tant l’intrigue a du mal à se mettre en place et que les personnages masculins manquent de consistance… (même si certes, c’est à deux femmes que rend hommage cette pièce, mise en scène par Peggy Thomas).
Thibaut Nève a la volonté dans ce texte d’entremêler grande Histoire et histoire intime, à travers la rencontre d’une figure forte de l’histoire politique russe et celle de son histoire personnelle, sa grand-mère. Un entrelacement que sa plume aborde toutefois avec maladresse. En effet, il tâtonne dans la construction narrative et ses dialogues ne sont guère convaincants même si l’écriture semble plus aboutie dans les monologues de la fin qui mériteraient presque à eux seuls le déplacement. Seul le décor de Vincent Bresmal semble se moduler au gré de cet itinéraire sur les traces d’Anna Politicovskaia, tandis que le spectateur perd le fil et se demande peu à peu quel est le propos de la pièce.
Quant aux acteurs, leur rôle respectif ne laissant pas de grande place à la nuance, ils tournent rapidement à vide, même si l’on distingue ça et là quelques beaux moments, en particulier pour Valérie Bauchau et Thibaut Nève qui tirent légèrement leur épingle du jeu.
L’auteur nous offre donc un face à face avec son histoire personnelle, comme un cri d’amour et de respect pour ces deux héroïnes qui l’ont guidé mais il n’arrivera pas à transcender le particulier pour réellement nous bouleverser ou nous émouvoir.
Un spectacle que l’on a envie d’aimer en lisant les notes d’intention et parce qu’on en sent le potentiel mais qui ne tient pas toutes ses promesses…
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