C’est un fait divers qui donné l’idée du spectacle. À Berlin, un petit garçon de 5 ans s’est arrogé le droit d’aller à l’école en jupe. Et par solidarité, son père l’a accompagné lui-même en robe. Et comme Clément Thririon a lui-même secrètement rêvé de porter des jupes dans son enfance... Et comme il n’est sûrement pas le seul... Le prétexte était tout trouvé.
Normand aime les robes, celles qui se soulèvent quand on tourne et il aime le rose. Voilà c’est comme ça, non parce qu’il veut devenir une fille mais pour se faire plaisir tout simplement.
Sauf qu’il n’est pas seul. Et c’est là qu’intervient une galerie de personnages unis par des liens familiaux mis à mal par une situation qui fait montrer doigt. Outre le baby boy, il y a la mère, beaucoup plus critique que son mari enclin à l’empathie, il y a Yvonne, la soeur du père déjà en porte-à-faux au sein de la famille, il y a la grand-mère maternelle rivée à ses rituels quotidiens. Alors pour ne pas affronter le problème, on parle, on s’affole pour des riens, on explose parfois en crise hystérique. Tout le juteux du spectacle est dans le langage, véritable trouvaille de Marie Henry qui réussit un texte direct, incisif dans le non-dit, d’une forme atypique, truffée de tics, qui coince les personnages dans leurs a priori, en caricatures comiques et grotesques.
La mise en scène de Clément Thirion n’est d’ailleurs pas en reste. En flattant l’oeil voyeur, il emmène le spectateur bien au-delà du fait divers, à la confrontation de nos propres préjugés.
Mais le fond reste ludique et moqueur car comment résister à l’euphorie de ce gros bébé qui batifole tel un papillon entre les membres de cette famille ahurie. Et puis il nous régale d’une pluie de satin rose dans laquelle on a bien envie de se vautrer. Surtout en ces temps où la tendresse est presque interdite.
Palmina DI MEO
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