La toile de fond politique est la succession au trône dont l’ordre sera chamboulé sous le coup des déballages amoureux lors de l’annonce fallacieuse de la mort de Thésée.
Écrite en alexandrins, aux sonorités étudiées et rythmées, la langue de Racine présente pour les acteurs une difficulté de restitution, celle de devoir surmonter la cadence dans la recherche des normes classiques.
Or, le défi que s’est donné Pauline d’Ollone est d’éviter une interprétation trop « familière » et trop « fluide » pour conserver une certaine étrangeté et un mystère à cette langue, lui donner des accents nouveaux, contemporains, évoquant le rap, le slam dans un contexte hip hop. Le corps y épouse la langue qui devient pulsation cardiaque. Décodés, scandés, parfois hurlés, ou presque chantés, les vers de Racine prennent ici une teinte sauvage, quasi animale. Ce sont les passions qui dominent la langue, d’ailleurs parfaitement digérée par les comédiens.
Mise en scène chorégraphique, physique, voire surréaliste, un décor minimaliste - au niveau de la scénographie, on joue avec une ou deux couleurs primaires sur un fond obscur, à prédominance de noir dans des costumes contemporains.
Les personnages s’affrontent dans un corps-à-corps où les confidences sont plus arrachées, expulsées qu’avouées. Seule Phèdre, engoncée dans sa honte, coupée de contacts physiques, s’élève au-dessus de tous, dignité immaculée, pour un effet scénique inattendu.
On assiste à une double performance à la fois textuelle et physique des comédiens qui finissent par patauger littéralement sur scène comme ils pataugent dans leurs sentiments.
En dépit de la sobriété de la scène on ne s’ennuie pas une seconde. Sauf qu’en voulant éviter l’introspection et en misant sur un langage visuel, Pauline d’Ollone passe peut-être à côté de ce qu’elle a cherché - l’émotion ! On n’arrive ni à s’identifier ni à compatir mais ce n’est peut-être pas ce qui importe car ce dont il est question ici, c’est de revendications, de liberté, de révolte et... de rage.
Palmina Di Meo
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