Petits meurtres entre nous
Portes : 20h
Spectacle : 20h30
Prix : tarif plein : 16 €
-30, +60 ans : 13 €
-26 ans : 8 €
Réservation par téléphone : 02/732.25.98
ou par mail : info@atelier210.be
métro : Mérode
tram : 81 et 82 (Place Saint-Pierre)
bus : 22,27,80 (Gaulois), 36 (Av. d’Auderghem), NO6 (Gaulois)
Écrit, mis en scène et interprété par Christian Dalimier, Evelyne Rambeaux, Stéphane Stubbé et Pascale Vander Zyppen
Nous sommes en 1944, un meurtre vient d’avoir lieu à l’Atelier 210. Il s’agit du Baron d’Arras dont le cadavre a été découvert dans le bureau. Huit personnes étaient présentes la nuit du meurtre : la Baronne, le majordome, la gouvernante, un artiste peintre excentrique et 4 domestiques. Reste à découvrir le mobile et l’auteur du crime ! Séparé en quatre groupes d’enquête et mené par les quatre austères domestiques, le public part à la rencontre des suspects pour tenter de démêler les nœuds de cette intrigue policière, tantôt drôle, tantôt émouvante.
Vendredi 3 janvier 2014,
par
Dominique-hélène Lemaire
Ghost story
Voici une savoureuse infusion d’Agatha Christie, de costumes des années 40, de promenades dans les coulisses du Phantom of the Opera (on scrute quand même le lustre sous lequel on passe lors des déambulations), un soupçon du charme discret de « Remains of the Day » et un à-bras-le-corps avec le personnage principal de l’ « Inspector Calls » de JB Priestley, …que vous interpréterez vous-même ! La morale de l’histoire s’avérera d’ailleurs être la même que celle de la première pièce en anglais que vous avez dû lire jadis quand vous étiez au collège. Au collège ? Mais oui, c’est là que cela se passe ! Ou plutôt au théâtre du collège Saint-Michel où il vous sera demandé de résoudre l’énigme de qui a réellement tué le baron d’Arras, fraîchement réfugié dans le théâtre avec toute sa domesticité, sous l’occupation allemande en 1944.
Il n’y a pas de metteur en scène à féliciter mais toute une compagnie de gens du théâtre (quatre anciens de l’IAD), qui se connaissent bien et se plaisent à écrire et à jouer ensemble. La compagnie LAZZI véhicule un art totalement vivant, plein d’humour et de brio, aussi éphémère que la musique d’un concert, mais combien vibrant. Chaque représentation est différente selon les réactions du public partagé en quatre groupes de spectateurs qui arpentent les lieux de la représentation. Le spectacle fut créé au château de Modave en 2003, un lieu certes riche en salons, corridors, chambres, bibliothèque et autres recoins secrets.
En 2013 c’est la découverte des dédales d’un autre lieu d’histoire, le Théâtre Saint-Michel, qui nous guette des caves aux combles… en passant par d’anciennes classes de ce collège mythique qui a vu s’écraser à deux pas de ses murs un V2 meurtrier en 1944. Le cœur du spectateur palpite d’ailleurs dès les premières sirènes, les mêmes que celles entendues par nos aïeux.
Les quatre groupes voient le spectacle dans un ordre différent, menés chacun par un domestique sarcastique en diable qui ferait bien dans un thriller. La proximité jette des frissons d’effroi. Il n’est pas interdit de prendre note - ce que firent certains, à tout hasard - et évidemment tout se résout à la fin, sur la scène principale, entre rires et larmes, sous le regard critique des quatre impayables domestiques. On a vite un suspect en tête… on a le temps d’échafauder entre les scènes et on a envie de se laisser prendre au jeu. Les spectateurs n’hésitent pas à confronter leurs impressions pendant leur périple labyrinthique. La fin du jeu est le nom d’une pièce célèbre d’Eugène Ionesco qui virevolte dangereusement sur un bouquet de citations musicales parodiques complètement surréalistes ! Ouf un peu de détente en même temps que la morale de l’histoire !
En plus de cette approche insolite, le public est comblé par la très belle dramatisation. Le majordome, Matthias fourbe et splendidement servile malgré la rage sociale qui lui étreint le cœur est plus vrai que nature sous les traits de Thomas Linckx. La baronne Marguerite prend des airs de Marlène, oscillant entre alcool et femme fatale ou femme délaissée. Elle est merveilleusement croquée par une excellente Evelyne Rambeaux. La gouvernante Adèle, qui n’a rien d’une grande sèche, s’est glissée sous les traits joviaux de Pascale Vander Zypen, une femme diabolique ? Tandis que son comparse, Christian Dalimier incarne parfaitement le grand échalas de peintre de salon, Henri Rolin, épuisé d’être aux petits soins d’un mécène qu’il méprise.
Malgré les pérégrinations, on ne perd jamais le fil de la toile où sont enfermés les personnages. Au contraire la mosaïque de la comédie de mœurs se fait de plus en plus lumineuse, jusqu’au(x) coup(s) de théâtre de l’apothéose. Mais qui a donc tué d’un coup de couteau dans le dos, le Baron d’Arras dans le bureau ?
La mise en espace très habile des scènes recrée minutieusement l’atmosphère de l’époque. Clap, moteurs ! Va-t-on être filmés avec les acteurs ? Un vidéaste n’a pas cessé d’accompagner le groupe rouge ! Et finalement le concept vivant du spectateur obligé d’arpenter l’énigme dans tous les sens, replongeant à chaque fois dans un nouveau bain de mystère, est fort porteur. Si vous allez au théâtre pour vous endormir… c’est raté ! Le résultat est une pétarade de fiction romanesque et de petit bonheur théâtral de grande qualité. Entre nous, c’est vif, c’est enlevé, c’est acéré et grinçant à souhait, comme une Ghost story ! De quoi clore avec brio une année 2013 qui n’a pas toujours plu à tout le monde !
Dominique-Hélène Lemaire
Mercredi 12 décembre 2007
Comment assassiner l’ennui au théâtre ?
Inclassable dans le paysage théâtral conventionnel, « Petit meurtre entre nous » offre aux spectateurs de l’Atelier 210 un spectacle déambulatoire et savoureusement « cluedien ».
Fous rires étouffés (meurtre et regards assassins des domestiques-guides obligent), ambiance décontractée et vagabondage comme aux temps des jeux de nuit et autres feux de camps au menu du spectacle.
La compagnie Lazzi 90 puise ici aux sources de ce qui fait aussi le théâtre : le jeu et l’amusement partagé avec les spectateurs, une complicité qu’il n’est pas assez habituel de trouver dans l’obscurité des salles de théâtre. De ce moment partagé naît un spectacle étonnant, amusant, peu conventionnel.
Mode d’emploi du jeu théâtral : le public est d’entrée de jeu séparé en quatre groupes, chacun guidé par un domestique austère. Œil fixe et sérieusement menaçant, ces derniers réclament silencieusement le calme, provoquant quelques fous rires dans les rangs parfois un peu dissipés des spectateurs.
Ensuite, à sa suite, les participants visiteront successivement les personnages présents lors du meurtre.
Il est donc, on l’a bien compris, question de crime dans cette pièce.
Le baron d’Arras, personne fort peu aimable au demeurant, a été retrouvé assassiné dans son bureau. Présents à l’heure du forfait, sa femme, la désespérément alcoolique baronne, le peintre entretenu, l’intendante amère de ressentiments, et le majordome cleptomane et aigri par des années de service.
Qui donc a tué ?
C’est ce que chacun des spectateurs tentera malgré lui, au fil des rencontres, de découvrir…
Le final voit tous les participants réunis dans la grande salle, pour un huis-clos des plus déjanté et surprenant.
Si les traits sont volontairement grossis de ces personnages quelquefois à la limite de la caricature, ils n’en restent pas moins attachants et crédibles. On plonge ainsi complètement, sans être dupe, dans ce monde un peu parallèle, et on se prend au jeu, sans prise de tête.
Excellente surprise, la soirée est à recommander chaudement , en particulier à tous ceux qui auraient quelques frilosités envers l’art théâtral. Les autres verront là une vraie bonne idée, et une réalisation théâtralement assumée.
La compagnie Lazzi 90 joue jusqu’au 31 décembre et nous nous permettons de vous souffler à l’oreille cet excellent et succulent moyen de terminer l’année en rire et détente théâtrale.
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