Paying for it

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 12 au 23 novembre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Paying for it

Le Collectif La Brute se penche sur un tabou : la prostitution. Par le biais du théâtre documentaire, il questionne le marché du service sexuel et au-delà, la place du sexe dans notre société.

Fruit d’un travail d’investigation de terrain et d’écriture de plateau mené avec sept lauréats de l’ESACT, le spectacle aborde différentes réalités de la prostitution. D’une part, la traite des femmes (réseaux nigériens, albanais...) et la prostitution de rue sont bien sûr au centre des recherches ancrées sur le territoire même du Théâtre National. D’autre part, la parole des femmes qui ont choisi ce métier et qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits trouvera sur la scène un écho tout particulier.

Les chemins qui mènent à la prostitution croisent ceux de la toxicomanie, des dettes d’argent, des plateformes de rencontres devenues les tremplins de la prostitution étudiante, du goût de l’argent gagné et dépensé hors du système, etc. Paying for it enquête sur ces pratiques qui se diversifient et les multiples visages de la prostitution d’aujourd’hui.

Minutieusement documentée, l’équipe artistique a multiplié les rencontres auprès des prostituées, des policiers de la brigade des mœurs, des clients, des associations de défense des travailleurs du sexe et d’une de leur porte-parole Sonia Verstappen qui accompagne le projet depuis ses débuts.

En tentant de percer les secrets d’un monde obscur, Paying for it cherche à lever le stigmate qui écrase ces femmes. Et loin de vouloir faire l’apologie de la prostitution, le spectacle rappelle que vouloir l’abolir, c’est la rendre pire.

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Rencontre constructeurs d’histoires

Mercredi 13.11.2019 (à l’issue de la représentation)
Avec Sonia Verstappen et Marie L. Barret
Cette rencontre abordera la question de l’art comme outil et moyen d’exister pour les travailleurs du sexe qui font face à une société qui ne veut pas les entendre.

Mercredi 20.11.2019 (à l’issue de la représentation)
Avec Sonia Verstappen et Maxime Maes
Cette rencontre aura pour dessein de développer les questions politiques, de statut, de droit et législatives autour de la prostitution. Où en sont les luttes ?

Sonia Verstappen est une ancienne travailleuse du sexe, une anthropologue et cofondatrice du collectif de UTSOPI (l’Union des Travailleurs et Travailleuses du Sexe Organisé(e)s pour l’Indépendance).

Marie L. Barret exerce librement son métier de travailleuse du sexe, depuis plus de quinze ans, dans un village du sud de la France. Elle témoigne volontiers de sa pratique, et de sa place dans la société, sous forme de projet littéraire.

Maxime Maes est travailleur du sexe et cofondateur du collectif de UTSOPI (l’Union des Travailleurs et Travailleuses du Sexe
Organisé(e)s pour l’Indépendance) et membre du conseil d’administration de la RainbowHouse.

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Lundi 18 novembre 2019, par Catherine Sokolowski

Connaître avant de reconnaître

Raven Ruëll, membre du Collectif "La Brute", donne le ton. Chargé du prologue, il rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, les actrices étaient des prostituées que l’on venait choisir sur scène avant de profiter de leurs charmes pendant la nuit. Se prostituer, c’est s’exposer au regard : un lien existe entre les deux métiers. Avec « Paying for it », les acteurs se mobilisent pour soutenir les travailleu.se.r.s du sexe, cette profession doit être reconnue et défendue au même titre que les autres. Sans tabou, le spectacle aborde le métier comme rarement il l’a été, en se basant sur le témoignage de Sonia (Verstappen) et d’Anne-Sophie (Marie L. Barret), deux travailleuses qui ont décidé d’assumer. Le spectacle est aussi politique, impossible de parler d’un tel sujet sans dénoncer. A ne pas manquer.

Sonia Verstappen, prostituée retraitée, a connu les vitrines de la rue d’Aerschot (Bruxelles) pendant plus de trente ans. Son expérience est unique, humaine et touchante. Aux personnes qui l’interrogeaient sur son métier, elle répondait « pute ». Anne-Sophie est française, habite dans une maison à l’écart, non loin d’un village, et propose officiellement des massages. Mariée et maman, elle n’a pas pu assumer son métier auprès de ses proches dans un premier temps. Sonia est anthropologue (UCL), l’université ayant estimé que son expérience pouvait être valorisée pour compenser l’absence de diplôme du secondaire, elle a pu y suivre des études. Anne-Sophie est également diplômée, parle plusieurs langues, et a déjà écrit un livre (Marie L. Barret, « Ephémère, vénale et légère »). Son second ouvrage n’a pas encore trouvé d’éditeur, serait-ce parce qu’il aborde la problématique du couple ?

Peut-on considérer que ces deux femmes sont représentatives du métier ? Elles le défendent et voudraient qu’il soit considéré au même titre que les autres. Tout en appuyant cette démarche de reconnaissance, le Collectif dénonce l’attitude des féministes qui refusent systématiquement d’inviter des putes au débat, le système de taxation qui empêche quiconque de créer une maison convenable, la position des politiciens (Emir Kir en prend pour son grade) ou la traite des femmes.

« La Brute » a proposé aux étudiants de l’ESACT de participer au projet qui a débuté en 2016. L’implication a été telle que la présence de 5 étudiants sur scène est devenue une évidence. S’il y a quelque chose d’étonnant à voir ces jeunes gens défendre la prostitution, il faut se dire que c’est peut-être la seule manière d’obtenir un résultat.

Souhaitant balayer les influences judéo-chrétiennes, les travailleu.se.r.s du sexe voudraient que le métier soit reconnu. Sonia le rappelle : « La prostitution est le seul métier dans lequel il y a confusion entre ce qu’on est et ce qu’on fait ». Il ne s’agit pas de nier l’exploitation qui existe dans la sphère de la prostitution mais de rappeler que ce n’est pas la clandestinité qui règlera le problème. En résumé, un spectacle intéressant, rondement mené, avec beaucoup de talent, de tolérance et d’intelligence. Bravo.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles