Sur une musique de clavecin, on découvre l’envers du décor, les coulisse d’une action qui se déroule hors champ pour le spectateur. Le rideau qui se lève et descend (quand il veut bien) nous permet de découvrir, par intermittence, l’ambiance, les reflets de l’eau et la musique du spectacle, les cris de la foule. Le spectateur ne voit rien du show qui se déroule dans le grand bassin, c’est son imaginaire qui travaille.
Leslie Artamonow
Nous sommes dans un parc aquatique, Lars, Kania, Anke et Nicolaï sont dresseurs d’animaux marins. Ils remplissent des seaux de poissons et s’apprêtent à accompagner leur leader et coach (motivation et implication) Laora pour le grand show avec l’orque vedette Tananka et là, le drame se produit. La dresseuse en chef se fait dévorer par l’animal sauvage.
Leslie Artamonow
Pour les quatre dresseurs survivants, le choc est dur. Ils passent la nuit au parc aquatique désormais désert et tentent ensemble de se remettre du malheur qui vient de les frapper. Leur métier, c’est leur passion, leur moyen d’exister, ils perdent leur emploi qui les définissait socialement, tout leur monde s’écroule. A l’amertume et la tristesse se mêle la désillusion de ces dresseurs face à la disparition de ce que l’on croyait immuable, mais aussi le désenchantement par rapport au monde du spectacle qui semble avoir de moins en moins de limites. Brutalement, nous sommes ôtés du rêve dans lequel la société du spectacle nous avait plongé.
Le Collectif La Station (composé de Eléna Doratiotto, Sarah Hebborn, Cédric Coomans et Daniel Schmitz) s’est inspiré d’un fait réel qui s’est déroulé au SeaWorld d’Orlando en 2011. Fruit d’une écriture collective, « PARC » s’intéresse aux réactions humaines face au choc, à la mort, dans un être humain ou d’univers et au désarroi. La pièce emprunte également quelques codes au monde du cinéma – après tout les quatre membres du collectif appartiennent à la génération « Sauvez Willy » -, à commencer par le hors champ où le spectaculaire n’est jamais donné à voir mais suggéré. Toute la force de « PARC » repose sur l’utilisation de ce procédé.
Au final, cette comédie noire, cynique par moment, met en scène des personnages drôles, largement secoués par ce qu’il leur arrive, cruels, pas toujours cohérents mais toujours terriblement humains.
Didier Béclard
Leslie Artamonow
« PARC » du Collectif La Station, créé à L’Ancre – Théâtre Royal à Charleroi, présenté jusqu’au 15 juin 2019 à l’Atelier 210 à Bruxelles, 02/732.25.98, www.atelier210.be.
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