PINOCCHIO / d’après Carlo Collodi / Texte et mise en scène de Joël Pommerat
« Un Pinocchio inoubliable… Bien sûr, tout le monde connaît Pinocchio, ce pantin de bois auquel il faudra bien des mésaventures, et une bonne fée, pour devenir un vrai petit garçon. Mais jamais, jamais, on ne l’a vu inspirer aussi beau et inquiétant spectacle que celui que signe Joël Pommerat, pour les petits et les grands. Dès la première seconde, on entendrait une mouche voler, tant chacun est happé par le noir vibrant de la scène. Ici, pas de conte moral, mais des visions, souvent dures, violentes, parfois rêveuses… Avec les mots, les sons, les images et les lumières, Pommerat fait des merveilles. Et qui pénètre dans son monde splendidement hanté ressort joliment secoué. »
Odile Quirot, Le Nouvel Observateur, avril 2008
Interprétation : Pierre-Yves Chapalain, Jean-Pierre Costanziello, Daniel Dubois, Anne Rotger, Maya Vignando / Collaboration artistique : Philippe Carbonneaux / Scénographie : Eric Soyer / Lumière : Eric Soyer assisté de Renaud Fouquet / Mannequins : Fabienne Killy assistée de Laurence Fourmond / Costumière : Marie-Hélène Bouvet assistée de Elisabeth Cerqueira / Création son : François et Grégoire Leymarie, Yann Priest / Production : Compagnie Louis Brouillard / Coproduction : L’Espace Malraux-scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Le Centre Dramatique de Tours, Théâtre de Villefranche / Scène Rhône Alpes / Scène conventionnée, La Ferme de Bel Ebat / Guyancourt, Théâtre Brétigny / Scène conventionnée du Val d’Orge, Le Gallia Théâtre / Scène conventionnée de Saintes, Théâtre National de Bordeaux Aquitaine, Les Salins /Scène nationale de Martigues, Théâtre du Gymnase- Marseille, CNCDC – Châteauvallon, Grenoble / Maison de la Culture Mc2, Cavaillon – scène nationale, Automne en Normandie, CDN de Normandie – Comédie de Caen. Pinocchio a été répété au CNCDC de Châteauvallon et au Théâtre Brétigny / La Compagnie Louis Brouillard est conventionnée et reçoit le soutien du Ministère de la Culture / DRAC Ile-de-France, de la Ville de Paris, de la Région Ile-de-France et de la Communauté d’Agglomération du Val d’Orge. La compagnie Louis Brouillard est en résidence au Théâtre Brétigny et au Théâtre des Bouffes du Nord / © Elisabeth Carecchio.
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Dimanche 11 octobre 2009,
par
Caroline Paillard
Un Pinocchio déroutant et ambigu
Pinocchio de Joël Pommerat, une pièce à voir. Pourtant, malgré les multiples critiques élogieuses qu’a reçues la pièce, on peut rester un peu sur sa faim.
Certes, c’est une oeuvre intéressante, surprenante, voire dérangeante qui conduit probablement à davantage d’interrogations qu’à des réponses. Elle pose une foule de questions existentielles, sur le fond. Sur la forme, elle interpelle au sujet de ce que l’auteur-metteur en scène cherche à faire passer comme messages. Et même on peut se demander s’il a voulu transmettre un sens précis ou bien s’il laisse la liberté aux spectateurs de l’interpréter à l’aune de leur propre subjectivité. Qu’il s’agisse du public jeune ou adulte, clairement, cette pièce transcende les générations.
Le conte original n’est pas seulement revisité. Il est véritablement remodelé, refaçonné et transformé à travers un cadre social très contemporain. Ce Pinocchio-là n’est déjà plus le petit garçon-pantin turbulent de Collodi. Il ressemble plutôt à un jeune adolescent en rébellion contre toutes les règles de vie, en quête d’identité, d’affirmation, et donc de confrontation avec autrui. Pommerat l’envoie dans des univers interlopes, injustes, ou encore très violents.
S’y retrouvent tout de même des scènes plus fidèles au récit original que d’autres qui en dévient franchement. La fée, le ventre de la baleine, par exemple, nous rappellent au conte de Collodi. Et d’ailleurs ce sont probablement dans ces instants que la modernisation du conte par Pommerat opère le mieux.
Car, de fait, quand les effets grandioses de sono, d’images, prédominent, cela dessert malheureusement le jeu des acteurs – pourtant très bons. Le récit du narrateur en parallèle peut également paraître trop omniprésent. De même, la similitude entre les divers moments de la pièce produit un effet répétitif, où manque un brin de fantaisie, de changement créatif. Le tout est toujours très sombre, très linéaire.
Peut-être, et même sans doute, Pommerat a-t-il délibérément choisi cette option afin d’atteindre le public dans un sens particulier. Alors lequel ?
Certains sortiront donc de la pièce en se demandant si elle se voulait vraiment anti-moralisatrice, comme on peut le lire ici ou là. Au final, l’ambiguïté demeure, tant les possibilités d’interprétation sont vastes, voire floues.
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