D’emblée, les deux comédiens adoptent un tempo très soutenu. Prenant la parole alternativement, ils égrènent une série de comportements typiquement masculins, qu’ils prétendent assumer. Cependant leurs interventions respectives les obligent à écorner l’image de l’homme parfait. Ce ping-pong verbal sert de générique et ouvre la voie à une vingtaine de sketches. Certains, comme cette parodie du "Jardin extraordinaire", qui nous introduit dans la tanière des mâles et nous initie à leur curieux langage (avec traduction à l’appui), sont hilarants. D’autres misent sur un humour décapant. C’est le cas de cet affrontement entre deux machos sournois, haineux et un mari trompé, mais digne. On appréciera aussi plusieurs scènes teintées de tendresse. La déclaration d’amour enregistrée par Patrice a des accents aznavouriens et le renoncement à un nouvel enfant par Nicolas est touchant.
La plupart de ces textes sonnent juste et certains prennent un relief particulier, grâce à la virtuosité des comédiens. Leurs qualités de mimes rendent désopilante la querelle entre l’homme excité par la perspective d’une nuit torride et sa femme qui rêve d’une soirée apaisante... Comme toujours, certains sketches accrochent moins le public. Pourtant, celui-ci ne ressent pas de trous d’air, car le spectacle, balisé par des séquences qui se font écho, est mené constamment sur un rythme entraînant et bénéficie d’une mise en scène fluide et inventive. Pour changer de personnage, les acteurs se contentent d’ajouter à leur élégant costume blanc, une écharpe, des gants de ménage, un casque. N’abandonnant jamais le plateau, ces caméléons évoluent avec légèreté dans un décor sobre et ingénieux. Il suffit de modifier le mobilier pour représenter un cercueil ou de retourner deux fauteuils pour les tranformer en pissotières.
Nicolas Dubois et Patrice Mincke ne veulent pas caresser les mecs dans le sens du poil ni flatter les féministes. Stimulés par leur imagination bouillonnnante, ils démystifient , avec un humour cruel, pas mal de clichés sur la virilité. Mais, mêlant habilement rire et émotion, ils nous font sentir plutôt la fragilité du coeur des hommes.
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