Une double poursuite s’organise, ridicule et surréaliste. Futuriste aussi pour le dynamisme, le mouvement et la vitesse. Il y a ceux qui courent derrière leur marié, qui lui, poursuit un chapeau. Comique de situation. Une femme élégante prise au piège de l’adultère se présente avec son amant à la porte du futur marié dont le cheval a malencontreusement avalé le chapeau de paille. Il faut d’urgence retrouver un chapeau identique ou le mari de la friponne risque d’étrangler sa femme à son retour. Les ferrets de la Reine revisités à la mode bourgeoise.
Course effrénée derrière des chimères, le mobilier et les comédiens font des vols planés. Il y a la visite chez la modiste de nos grand-mères et au pire, un 80 Chasseurs saugrenu. C’est burlesque et beau. La scénographe Nathalie Holt a l’art de l’ellipse, joue de la dimension poétique, colle des taches de couleur sur fond gris, s’amuse avec les velours pour créer une dramaturgie du mouvement explosive et contemporaine. C’est la gestuelle et la plasticité du spectacle qui plaisent.
Unité de tons : il y a une succession de décors gris à fleurs, chevaux et hypocrites rayures assorties aux costumes de noce qui mettent les personnages en scène avec humour, à la manière de Delvaux ou de James Ensor. Unité de sons : cela gesticule chante et crie à s’en déjanter les mandibules ! On retrouve l’ironie, la dérision et le sarcasme. Un personnage semble tout droit sorti de Watteau : c’est le cousin amoureux de la cousine, thème récurrent dans la pièce. Il a des allures de Gilles ou de Pierrot Lunaire avec ses pantalons bouffants trop larges et trop courts. Cela donne le dernier coup de pinceau à la pantomime.
Une pantomime du spectacle de la bourgeoisie bien-pensante : « Vous me rappelez les orgies de la Régence » fulmine le beau-père ! Et le pianiste d’égrener ses notes d’un air énigmatique. Comique de genre : la scène érotico-musicale dans les riches salons de la baronne de Champigny. « Allons berger, sors ton pipeau et y jouons un air en commun ! » Comique de posture : le futur beau-père (pépiniériste) est un « porc épic » affublé d’un pot de myrte qu’il arbore comme un bâton de maréchal. Comique de cabrioles, d’un bout à l’autre, ce n’est décidément pas avec cette pièce, que l’on mourra pour des idées ! Mais qu’importe !