C’est une enfant turbulente, capricieuse qui tourne sa mère en bourrique. Elle bondit, saute dans les bras de sa mère, sur son dos. Elles jouent à cache-cache. C’est une enfant de 8 ans qui dans sa rédaction se demande « pourquoi les autres ne sont pas comme moi ? » C’est une mère, « professeur, épouse et mère, personne ne m’appelle par mon prénom. »
Mais lorsque la fille a 15 ans, l’annonce du divorce plonge sa mère dans l’alcool. La fille porte la mère, la mère remet sa fille sur pied, celle-ci finira par prendre son envol en quittant le Japon et sa mère, pour guérir portée par la puissance de la danse et d’un amour naissant.
Uiko Watanabe est née en 1975 à Tokyo au Japon, a fait ses études à l’école des Beaux Arts SNDO d’Amsterdam et a travaillé notamment au Centre de Chorégraphie Nationale de Montpellier. Elle a grandi dans une famille monoparentale, ce qui est très rare au Japon. Elle évoque ici ses souvenirs d’enfance symbolisés par l’oshiire. un meuble japonais dans lequel on range les futons. Plus qu’une simple armoire, c’est un cocon intime qui peut se transformer en cachette secrète, en refuge, mais l’oshiire devient parfois le lieu de punition qui terrifie les enfants.
Entre danse et théâtre, le duo formé par Uiko Watanabe et le comédien Vincent Minne fonctionne très bien, avec justesse, dans le geste comme dans la parole. La confrontation de la culture japonaise de la chorégraphe avec la culture occidentale du comédien renforce le sentiment de déchirement de la relation fusionnelle entre l’enfant et sa mère.
Tout comme la juxtaposition de cet homme « costaud » face à cette petite fille fragile, souligne la distance qui sépare les deux parents. « Oshiire » est une pièce touchante d’humanité, dont la scénographie dépouillée permet de prendre toute la mesure de la délicatesse du jeu des interprètes.
« Oshiire » du 14 au 17 mai, à 20h au Petit Varia à Bruxelles,. 02/640.35.50 ; www.varia.be.
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