Le texte de Virginia Woolf ne subit pas de modifications : on n’actualise pas, on n’ajoute rien. Par contre on enlève et on enlève beaucoup. Si aucun des grands épisodes du roman ne manque, on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression d’être face à un résumé. Quelques phrases sont prélevées pour chaque passage et on passe extrêmement vite d’une époque à l’autre. Malheureusement cette approche appauvrit ce texte magnifique ce qui nous fait écrire que si, comme le prétend Guy Cassiers, son intention première était de transmettre la langue et la poésie, ce n’est pas une totale réussite.
L’actrice joue le rôle du biographe, porte-parole de l’auteure elle-même, jamais neutre quant à son personnage. Orlando elle l’aime et c’est avec cet amour qu’elle en parle. Il faut saluer ici la performance de Katelijne Damen dont le jeu, les postures et la voix rendent magnifiquement compte de cet attachement bienveillant. Evoluant dans la superbe scénographie de Guy Cassiers, le spectateur est invité à voyager dans l’espace et le temps à la suite de ce personnage extraordinaire qui a, d’abord en homme puis en femme, traversé trois siècles.
L’histoire est celle d’un jeune noble, passionné de littérature et de nature, en quête d’aventures nouvelles et de rencontres enrichissantes. Il nous emmène aux fêtes de la cour anglaise, aux cérémonies protocolaires de Constantinople, élever des chèvres avec les Bohémiens, assister aux conversations dans les salons prétentieux de l’aristocratie londonienne. Prenant part à ces évènements cela sans jamais s’y retrouver vraiment, Orlando est le témoin du temps qui passe et des mentalités qui se transforment.
Magnifiant la nature et vantant la liberté, ce conte fantastique est, à travers son héros, un hymne à la vie elle-même. A découvrir au théâtre mais surtout à lire au pied d’un arbre.