Marianne Hansé nous accueille dans son atelier, grande yourte chaleureuse posée dans l’espace entièrement réaménagé, pour l’occasion, du théâtre des Tanneurs. Le spectacle est en effet partout, murs sensiblement rehaussés de souvenirs de voyages, ateliers proposés à tous, ombres tracées, photos posées ou livres décorés, c’est au choix…
Le théâtre de la Galafronie n’a assurément pas oublié le premier mot de l’expression « accueil du public » ! On se sent vraiment comme chez soi dans ce cocon chaleureux, fait de bric, de broc, de tapis, d’émotions et de sensibilités partagées et exposées, de chaleur humaine et de simplicité. L’ambiance augure la plus belle des poésies, un fois le seuil de la yourte, où se déroule la représentation, franchi.
Et on n’est pas déçu quand l’artiste commence son voyage-spectacle. Dans sa tête, souvenirs et ombres, rêves et dessins, comme autant de pages feuilletées. Public joyeusement melé, personnes d’âge avancé à roulettes contre jeunes turbulents, ados curieux et adultes sans enfant, tous rassemblés sur les petits bancs, aux doux arrondis « pour ne laisser personne dans un coin »….
Et là, une heure durant, Marianne va convoquer l’invisible : ceux qui sont partis trop tôt, ceux qui sont loin, au fond du cœur à défaut d’être devant les yeux… et même ceux qui ne sont pas encore là. Et nous, entre une sœur mouette qui vole là-haut, une maman-théière qui conte fleurette à un chêne presque centenaire, on se sent bien dans son univers. Tous ceux-là surgissent du fond de ses pots de couleurs et au bout de son pinceau, sous des yeux qui tantôt rient, tantôt pleurent…
Sans oublier l’innarable tante Jacqueline, hilarante présence en vieux fers, celle qui dit « fait comme ci, pas comme ça », mais que du fond de son irritante présence, on aime quand même.
Les gouttes de silence succèdent aux pluies d’étoiles et s’enfilent au côté des perles de bonheur dans ce spectacle que l’on voudrait infini, tant on en sort réconcilié avec la vie telle qu’elle va.
On pense à vous, et vous, vous en oubliez le fracas parfois violent d’un monde qui tourne fou pour rêver et voyager, emmerveillé, en compagnie de cette artiste généreuse, femme dans sa douceur, enfant dans sa touchante et révoltée sensibilité.