On ne badine pas avec l’amour
Après avoir fait de La chute et de L’étranger d’Albert Camus, des spectacles doublés d’un projet pédagogique destiné aux adolescents, Benoît Verhaert leur propose, avec ce nouveau spectacle, de se pencher – s’épancher ? – sur le sentiment amoureux. De la pièce de Musset, il retient essentiellement les scènes qui mettent en présence le triangle amoureux que forment Camille et Perdican, les deux jeunes gens qui s’aiment sans oser avouer leurs sentiments, et Rosette qui devient un atout pour servir leur jeu.
Tu as 18 ans et tu ne crois pas à l’amour ! ? s’exclame Perdican en écoutant Camille. Camille et Perdican s’aiment depuis l’enfance. Aujourd’hui, ils ont 18 et 20 ans et Camille décide de taire ses sentiments. Elle ne croit ni en l’homme ni à l’amour. Touché dans son amour-propre, Perdican laisse l’orgueil et la vanité le dominer. Il séduit Rosette en espérant rendre Camille jalouse. Camille prévient Rosette que Perdican se moque d’elle et que c’est elle, Camille, qu’il aime. Camille et Perdican s’avouent finalement leur amour, mais Rosette ne supporte pas cette désillusion. Elle se suicide. Se sentant responsables de la mort de Rosette, Camille et Perdican se retrouvent alors dans l’incapacité de vivre leur amour. Témoins de cette tragédie amoureuse et dépassés par les événements, les proches de Camille et de Perdican forment un choeur tantôt musical et tantôt burlesque.
PROJET PÉDAGOGIQUE
Les adolescents sont conviés à venir voir le spectacle en matinée ou après-midi scolaire et à en débattre. Il leur sera demandé ensuite de réécrire puis d’interpréter à leur façon une scène de la pièce, tout étant encadrés par les comédiens. Le résultat sera présenté à partir du 11 mai 2015 au Petit Varia. CRÉDITS AVEC (EN ALTERNANCE) : Julie Lenain, Lormelle Merdrignac, Céline Peret, Stéphane Pirard, Vincent Raoult, Samuel Seynave, Benoît Verhaert / CRÉATION LUMIÈRE : Patrick Pagnoulle / CRÉATION SON : Laurent Gueuning / MISE EN SCÈNE : Benoît Verhaert.
Lundi 24 novembre 2014,
par
Charles-Henry Boland
On ne badine pas avec Musset
Nouveau spectacle du metteur en scène Benoît Verhaert, On ne badine avec l’amour propose une approche moderne de la célèbre pièce d’Alfred de Musset. Une scénographie sobre, un duo de comédiens efficace, une langue d’une beauté intemporelle, reste que cette version d’une pièce mêlant comédie et drame pêche par un style frôlant parfois la trivialité.
Deux hommes vêtus de noir ouvrent la pièce. Ces maîtres de cérémonies (Benoit Verhaert et Vincent Raoult ) se chargeront des personnages secondaires, du bruitage des scène et du déplacement des projecteurs. L’un d’eux poussera même la chansonnette. Quelques échanges et l’on comprend dès les premiers instants que ces deux-là vont distiller une dose d’humour dans le spectacle. Puis c’est l’entrée de Perdican (Samuel Seynave) et Camille (Julie Lenain). Dans le fond, l’histoire est bien simple. Perdican doit (et veut) épouser Camille, mais celle-ci se promet un avenir dans un couvent. Il éprouve durement son refus, elle se met à douter. Désirant la rendre jalouse, Perdican use de la pauvre Rosette (Lormelle Merdrignac) et de ses humbles sentiments. Après une ultime scène de ménage pré-maritale, Camille et Perdican s’aiment mais la brave Rosette, trompée dans son amour sincère, se suicide. Ce qui pourrait passer pour une simple intrigue est sublimé par la langue de Musset, dont Benoît Verhaert a gardé la plume intacte lors des scènes des deux amants et de Rosette. En revanche, les interventions des personnages secondaires abandonnent les dialogues originaux pour épouser un style ramassé, franchement moderne et quelquefois grivois. Ces instants de second degré et d’apartés avec le public, s’ils font rire, ne contribuent pas à installer le climat qu’il aurait fallu atteindre pour nous faire sentir l’issue tragique de cette pièce.
Si la légèreté adoptée est éminemment sympathique, elle ne semble pas totalement cohérente ni constante au sein de la proposition. Ce décalage entre humour et passion sert-il vraiment la puissance du texte ? Non qu’il faille respecter les œuvres du grand répertoires comme s’ils fussent gravés dans le marbre , mais comment recevoir une fin aussi tragique et brutale après tant d’épisodes drolatiques ? La pièce ne manque pas d’humour, mais peut-être n’en manque-t-elle pas assez...
Charles-Henry Boland
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