On achève bien les chevaux

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 7 mai au 25 juin 2015
Horaires
Tableau des horaires
Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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On achève bien les chevaux

1932. Les Etats-Unis sont en pleine dépression économique. Appâtés par les repas gratuits et une importante prime, de pauvres gens laminés par la crise se pressent pour participer aux « marathons de danse » organisés à travers le pays. Paysans, ouvriers, propriétaires ruinés, vedettes au chômage, il s’agit de danser le plus longtemps possible sans s’arrêter, et pourquoi pas, se faire repérer par quelques producteurs de cinéma disséminés dans le public. Un maître de cérémonie, bonimenteur et cupide, encourage et houspille ces danseurs de l’extrême. Coûte que coûte, ils jouent le jeu, font le spectacle et dansent pendant des jours et des jours, pour divertir une foule avide de spectacle. Ils jouent leur avenir, leurs espoirs, leur peau... à perdre la raison.
L’humanité au placard et vive les jeux du cirque ! Voici le spectacle du voyeurisme et du sensationnalisme qui rapporte ! Un spectacle puissant, adapté du film à succès de Sydney Pollack, qui nous rappelle que lorsque l’avenir semble bouché, il faut protéger les vertus libératrices, le courage, l’enthousiasme, la détermination mais aussi tous les Arts et ceux qui les servent. C’est d’actualité ! Un spectacle porté par la fougue de Magali Pinglaut et d’une dizaine d’artistes avec elle, pour clôturer une saison en apothéose.

UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC

Traduction Marcel Duhamel

Distribution

De Horace McCoy, adaptation Marie-Josée Bastien, mise en scène Michel Kacenelenbogen, assistante à la mise en scène Anne Sylvain, avec Gaëtan Lejeune, Magali Pinglaut, Benoît Verhaert, Janine Godinas…distribution en cours

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8 Messages

  • ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX de Horace McCoy

    Le 7 mai 2015 à 03:52 par asou

    Bonne mise en scène. Bons comédiens. On ne voit pas trop où on veut en venir au début. Puis, petit à petit, les éléments se rejoignent pour nous offrir une (voire plusieurs) critique(s) de notre société, jusqu’à être mal à l’aise d’être spectateur. J’ai vraiment bien aimé cette pièce !

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  • On achève bien les chevaux

    Le 3 juin 2015 à 16:03 par Pattrick

    la mise en scène est très simple, un peu trop je trouve. je ne suis pas rentré dans la pièce avant 1h30, ne croyant pas au désespoir des couples ni à leur souffrance.
    j’aurais aimé que le meneur de jeu soit plus déluré, plus "show".
    déçus dans la globalité,j’attendais mieux pour une pièce de la grande salle

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  • On achève bien les chevaux

    Le 4 juin 2015 à 12:11 par MarcD

    Une douzaine de comédiens, plus de 2 heures de spectacle, c’est généreux. Mais en plus, la qualité est bien présente. Mise en scène réussie, jeu convaincant de tous, et puis le propos. Evidemment, mettre en perspective notre époque avec la grande crise, c’est osé. Sans prise de tête, cela amène à mettre en perspective... et à questionner l’auto-mise en spectacle... A voir donc, c’est un excellent moment.

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  • On achève bien les chevaux

    Le 8 juin 2015 à 18:41 par Manciaux

    Spectacle généreux, prenant, dérangeant. Qui ne peut laisser indifférent. Je me suis demandé à plusieurs reprises : et si j’avais été a leur place ? Rien que pour le questionnement et l’engagement physique des acteurs, le spectacle vaut la peine

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  • On achève bien les chevaux

    Le 25 juin 2015 à 22:02 par mauvever

    un tout beau spectacle , une excellente mise en scène , des acteurs parfaits, des rôles physiques qui n’altèrent pas l’élocution des comédiens , un non verbal au top, le comédien qui campe l’organisateur du marathon de danse un peu en de ça quand même , joli parallèle entre les événements de la crise de 1929 et l’actualité présente , un très beau final ,sous un tonnerre d’applaudissements .Du tout grand théatre !

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  • On achève bien les chevaux

    Le 1er juillet 2015 à 17:51 par thdarell

    Peut-être un peu longuet sur la fin (mais vu le sujet, c’est certainement voulu que l’on ressente ça) mais pour le reste, brillante transposition à "notre" crise, des acteurs habités, des rires surtout jaunes et grinçants, tout cela était vraiment intelligemment fait et donne à réfléchir (je n’ai pas de télé et ne consomme pas de reality show idiots style Survivor ou Koh-Lanta, mais ceux dont c’est le cas - en même temps, les amateurs de ce genre de "divertissement" vont-ils voir ce genre de pièce ? - ont dû se sentir dans un drôle d’état, du moins c’est à espérer !

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Lundi 1er juin 2015, par Dominique-hélène Lemaire

Un besoin urgent de solidarité

Oubliées les 30 glorieuses, les 70 années de Pax Atlantica, les progrès scientifiques et médicaux, la conquête de l’espace, le rêve américain, l’avènement des nouvelles technologies : le monde est une vaste dépression économique, il y a une frange de nantis et une majorité écrasée, criante de misère. Un peu comme dans 1984 de George Orwell. Le décor est planté.

La crise a enfanté des marathons de danse prometteurs de repas gratuits et couronnés d’un prix fantasmagorique pour le dernier couple de Misérables resté en piste. Le maître de cérémonie est un prototype de nos brillants animateurs de télévision. Un Big Brother, manipulateur, cupide et tout puissant. Les danseurs jouent le jeu jusqu’à l’épuisement, acceptant des consignes de plus en plus inhumaines pour obtenir la prime. Monsieur Walter, c’est son nom, exploite une à une chacune de leur vulnérabilité dans le but du spectacle. Il les félicite et les admoneste tour à tour : « Vous avez le spectacle dans le sang »  ! Eva Blanche chante « My baby shot me down, bang, bang ». Le spectacle est à la limite du supportable, tandis qu’il enfile du haut de son podium des doctes sentences de plus en plus cauchemardesques de la libre entreprise, au nom du droit absolu à l’accumulation illimitée des biens.

Une voix s’élève enfin : Jeanine Godinas, une citoyenne à la ville et comédienne sur les planches. Son intervention étrille le compère et renvoie le monde face à son échec devant la misère généralisée, l’égoïsme devenu loi et le voyeurisme écœurant. La grande friandise populaire que sont les exploits de la téléréalité est passée à la moulinette. Mais où sont donc passées nos fibres essentielles ? L’intelligence de cœur et d’esprit, la compassion, l’affectivité ? Ce spectacle est un véritable poème symphonique qui fait prendre conscience de la corruption intense de l’homme, et de la seule rédemption possible… via l’humanité des artistes.

Et de l’humanité, les « valeureux candidats » en ont à revendre. Ainsi que du talent. Ce sont les corps de ces généreux comédiens qui parlent d’abord. Et jusqu’à épuisement. Et les voix de Benjamin Boutiboul , Toussaint Colombani, Inès Dubuisson, Emile Falk, Cachou Kirch, Gaetan Lejeune, Magali Piglaut, Chloe Struvay, Anne Sylvain, Benoit Verhaert, Simon Wauters, tous artistes de choc qui fabriquent une chorégraphie éblouissante de cohésion et de sincérité. Ils rivalisent de présence scénique. Et le texte coule, inéluctable et réaliste comme du Steinbeck. Mais les personnages se fanent tout aussi inéluctablement comme dans un film de sciences naturelles accéléré : de l’éclosion des espoirs de chaque couple au flétrissement cynique de leurs idéaux. Seule la mort peut soulager l’ultime et intolérable épreuve de Gloria, refusée dans un sursaut de dignité tant elle la trouve dégradante. Dans son refus d’offrir le spectacle d’un mariage instrumentalisé au public avide de sensations, elle s’avère plus poignante encore qu’un personnage de Zola. Elle « qui rêvait d’un monde nettoyé pour recommencer la Vie » s’offre la mort grâce à la compassion de son compagnon, une apothéose qui efface le pourrissement de la société. Celui qui l’a euthanasiée se souvient de la terrible phrase prononcée jadis par son grand-père : « Ainsi on achève les chevaux ».

La mise en scène y va fort, le public est même sommé de participer et d’applaudir pour faire monter l’applaudimètre. Violence. C’est comme les like sur Facebook. Comment peut-on liker de telles déshumanisations ? Et pourtant, le spectacle de Michel Kacenelenbogen est d’une puissance remarquable quant à son impact sur le spectateur déjà bien ébranlé en début de saison par « Les filles aux mains jaunes » de Michel Bellier. Le rythme de ce spectacle est très physique et de plus en plus exténuant. La danse a fait place à la sauvagerie de la course dans une arène. L’énergie des comédiens souligne le violent désir de survivre à travers le supplice et le désespoir. « Stop ! » hurle Janine Godinas. « Je suis sûre que l’on peut changer la marche des choses, se mettre ensemble et faire autre chose. » C’est ce qu’il faut entendre, à coup sûr, si on en croit le maître de la pièce et non le maître de cérémonie. La tension dramatique est enrobée dans une magnifique partition musicale (Pascal Charpentier) qui détourne dans des effets de contrastes saisissants, les tubes sentimentaux de nos années d’insouciance pour mieux dénoncer l’intolérable réalité.

Dominique-Hélène Lemaire

Théâtre Le Public