Oleanna

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal des Galeries

Dates
Du 13 octobre au 14 novembre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
Contact
http://www.trg.be
infos@trg.be
+32 2 512 04 07

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Oleanna

John, professeur d’université, reçoit dans son bureau Carol, une étudiante en difficulté qui pense avoir échoué à son dernier examen. Celui-ci lui propose un marché : il lui octroiera la note maximale si elle accepte de venir le voir régulièrement pour des cours particuliers. Devant cette proposition ambiguë, la jeune fille se rebelle et s’engouffre dans la faille, l’accusant publiquement de harcèlement. Une lutte sans merci s’engage, où les rapports de force et de classe sont pervertis par les désirs inavoués.
Vingt ans avant le mouvement #MeToo, Oleanna annonce, à travers le face à face âpre et trouble entre un professeur et une étudiante, la chute de l’ancien monde, celui du patriarcat et des privilèges de classe, avec l’avènement d’une nouvelle forme de contestation.
Un duel d’une puissance peu commune.

Distribution

Texte de David Mamet. Adaptation de Pierre Laville.
Avec Juliette Manneback et David Leclercq
Mise en scène : Fabrice Gardin
Décor et costumes : Lionel Lesire

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1 Message

  • Oleanna

    Le 28 octobre 2021 à 22:57 par Naima Gharbi

    Bonsoir,
    Très belle représentation sur ce thème d’actualité qu’est l’abus de pouvoir et de ses dérives. Les deux comédiens ont réussi à nous captiver tout au long de la pièce. L’échange entre les deux protagonistes qui nous livrent un duel d’ d’acteurs, tantôt dominants puis dominés, est bluffant. A l’issue de ce drame, qui est souvent banalisé au détriment de la victime, on resort avec pleins de questionnements sur les manipulations et humiliations perpétrés par ces personnes qui se croient tout permis et intouchables.
    Très beaux jeux d’acteurs, bravo !

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Vendredi 22 octobre 2021, par Palmina Di Meo

Oleanna

Écrite en 1992 par David Mamet, en plein essor de la « troisième vague » féministe aux États-Unis, Oleanna est une pièce qui surprend et suscite des sentiments contradictoires.

Nous sommes dans un rapport de force, un huis-clos, entre Carol, une étudiante universitaire et son professeur John. Alors que Carol aborde son professeur en aparté pour larmoyer sur son incapacité à comprendre le cours, John lui promet une bonne note si elle vient le voir régulièrement. Carol juge la proposition indécente et décide de porter plainte pour harcèlement auprès des autorités universitaires alors que John, marié et père de famille, attend d’être titularisé et qu’il est en pourparlers pour l’achat d’une maison. John se sent piégé mais ses efforts pour récupérer la situation se solderont par un acte de violence face à l’implacabilité de Carol.

Spécialiste des mécanismes de manipulation, David Mamet, tel un virtuose du yo-yo, nous embarque dans un ascenseur où jeu de pouvoir et légitimité se disputent la part du lion. Carol se présente de prime abord comme une jeune femme fragile, ce qui réveille le paternalisme et le machisme de John. Sûr de lui, il dévoile ses cartes à livre ouvert. Beaucoup moins spontanée, on voit alors Carol, l’étudiante perdue, se transformer en égérie intransigeante du droit à l’égalité des chances. Forte de son appartenance à un groupe d’étudiants qu’elle s’arroge le droit de représenter, elle impose des conditions inacceptables à John pour le rachat de sa plainte. C’est en véritable juge qu’elle accule John dans ses deniers reflexes de défense.
Le suspens de la pièce réside dans la situation de précarité de John qui devient un jouet dans l’enjeu dialectique. Le spectateur quant à lui est tiraillé entre indignation, bien-fondé de la revendication et un sentiment de malaise qui atteint son point culminant dans la dernière réplique de Carol. Car au fil des rencontres entre John et son étudiante, on se demande qui est véritablement manipulé.

Alors que le mouvement #Me Too libère la parole des femmes qui ont été sexuellement abusée, la pièce de Mamet explore cette zone trouble dans les rapports de force où la manipulation se teinte d’une certaine ambiguïté. La pièce est géniale en ce que la fin inverse totalement les rôles. L’intolérance et la provocation de Carol face à la situation désespérée de John montre la césure entre l’idéalisme d’un monde parfait débarrassé de toute forme de domination sexiste et la réalité où en dépit de la bonne volonté des uns et des autres, certains schémas sociaux solidement ancrés sont impossibles à effacer du jour au lendemain.
Le nom de la pièce Oleanna fait d’ailleurs référence à une communauté hippie fondée en Norvège par un certain Ole Bull sur un modèle paradisiaque totalement utopique.

Mise en scène figée et sobre d’un auditoire, deux comédiens placés en situation de compétition verbale (Juliette Manneback et David Leclercq), la pièce interpelle laissant chacun libre de prendre parti ou de laisser place au dialogue et à la tolérance.

Palmina Di Meo

Crédit photo : IsabelleDeBeir et KimLeleux

Théâtre Royal des Galeries