Le modèle est simple, concis et fonctionne très bien. Le couple évolue au quotidien en mettant en place sensiblement le même schéma : lui, revenant du bar plus ou moins imbibé d’alcool et d’idées fascisantes et elle, lassée, répondant flegmatiquement à ses délires répétés. Toute cette mécanique est relevée par une parfaite maîtrise de la rythmique des dialogues qui donne davantage de place à la dynamique interpersonnelle qu’au pathétique social déjà bien présent. Pour colorer encore plus ce tableau décadent, Philippe Jeusette interprète avec énormément de conviction et à plusieurs reprises des chansons de Sardou à peine empreintes de nationalisme gras et maladroit...
L’allégorie, c’est cette notion caricaturale et profondément ancrée de la toute puissance de l’occident sur le reste du monde. Une notion qu’on connaît bien mais si peu respectable qu’elle mérite le coup de projecteur, d’autant plus au théâtre – vecteur vital de contre-culture. Par l’étroitesse d’esprit de ce couple d’apparence anodin et pourtant tellement représentatif, par son enracinement presque mélancolique, Occident rend possible la mise en abîme efficace et quelque part effrayante à propos de valeurs révolues et paradoxalement plus que jamais présentes.
Dussenne a exacerbé un texte déjà très percutant. Il en a extrait les ingrédients de la vraie comédie, drôle et intelligente, facile et déroutante. Valérie Bauchau et Philippe Jeusette ont exploité et personnalisé, quant à eux, de manière très juste cette excellente mise en scène. Bref, un travail complet qui sent l’humilité, la précision et même l’universalité...
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