Alertée par son s.o.s., Chloé fait irruption dans le bureau de sa soeur Bérangère. En plein burn-out. Toute sa troupe, excédée par cette metteuse en scène tyrannique, l’a abandonnée. Face à cette situation insoluble, Bérangère jette l’éponge et se noie dans l’alcool. Mais Chloé est une battante qui, avec l’aide d’Axel, un grand dadais absent lors du putsch, prétend la sauver du naufrage. Il suffit de trouver une bonne pièce à deux personnages. Bérangère reprend espoir et cherche l’oiseau rare.
Le premier essai est décourageant... pour notre plus grand plaisir. Perturbé par le changement de sexe de son personnage, Axel s’embrouille constamment et Chloé, boostée par sa soeur déchaînée, force le ton à l’excès. On teste ensuite l’histoire d’un débile, amoureux de sa cousine. Un rôle sur mesure pour Axel ! Les comédiens, jouant avec conviction, suscitent une vraie émotion. Mais une deuxième version de la scène provoque la colère de Chloé. Elle accuse Axel d’abuser de la situation, pour l’agresser sexuellement. Insensiblement, la frontière entre le théâtre et la vie s’estompe, disparaît même. Les personnages deviennent, malgré eux, les héros de leur propre histoire...
Les affrontements musclés entre les deux soeurs font beaucoup rire. Cependant leurs engueulades dévoilent aussi la complexité de leurs relations. Artiste autoritaire, à l’humour caustique, Bérangère est incapable de se remettre en question. Elle crée le vide autour d’elle et ricane, quand Chloé veut la sortir de pétrin. C’est pourtant à cette soeur intrusive qu’elle avoue ses frustrations et son sentiment d’échec. Une soeur prête à se battre à ses côtés. Malgré son sale caractère. La faillite de son couple n’empêche pas Chloé de jouer les saint-bernard. Depuis l’école primaire, elle croit au talent de sa frangine.
Face à ce duo, dynamisé par l’énergie de Muriel Bersy (Bérangère) et d’Odile Matthieu (Chloé), Axel apparaît comme un électron libre. Jamais Bérangère n’aurait engagé ce simple d’esprit, qu’elle surnomme De Niro. C’est l’oncle d’Axel, directeur du théâtre, qui, à son insu, l’a imposé. Sa bonne volonté ne fait aucun doute, mais ses moyens sont limités. Fan des Rolling stones, il fredonne piteusement : "I can’ t get no satisfaction". En lui prêtant son physique particulier, John-John Mossoux fait de ce rêveur maladroit, un personnage décalé, cocasse et apaisant.
"O’Sister" n’est pas divisée en actes, mais on sent nettement la succession de trois parties. La première exploite longuement le filon classique du mélo massacré. La deuxième plonge dans l’intimité des personnages et la troisième mise essentiellement sur le suspense. Répétitions burlesques, portraits psychologiques et fantastique inquiétant. De bons ingrédients qui auraient dû se fondre dans une pièce plus homogène.
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