Non rééducable

Théâtre | Théâtre Marni

Dates
Du 27 avril au 8 mai 2010
Horaires
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+32 2 639 09 82

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Non rééducable

Anna, Natalia, Rayana… des prénoms, des femmes qui ont été assassinées. Parce qu’en Russie, lorsqu’on ouvre le grand cahier de la vérité, que l’on lorgne vers ce bout de terre qui est proche de la Turquie, qu’on ose critiquer la politique russe accomplie dans ce pays que Staline avait épuré, qu’en plus ce lopin est généreux en gaz et en essence, cela donne deux guerres. Des années de souffrance, de radicalisation du conflit, du jeu des pouvoirs. Et des guerres qui n’intéressent personne. Trop lointaines. Trop compliquées. Trop stratégiques. La guerre est officiellement finie. Grozny est reconstruite. Il y a des bars, des discothèques, des restaurants, de l’eau courante, du gaz, de quoi manger.... Mais dans ce silence de la reconstruction, on oublie que la Russie est omniprésente et que la population tchétchène vit actuellement sous la férule d’un dictateur mégalomane, et qu’elle est a nouveau condamnée au silence.Sobriété de la langue, effroi des lettres qui disent l’indicible, la langue de Stefano Massini est radicale. Son écriture tisse un mémorandum entre le vécu et sa description, entre le devoir de voir et la traduction de cette éthique.Michel Bernard, fidèle depuis de nombreuses années du Théâtre Marni , revient avec une mise en scène percutante, esthétiquement déconcertante tout en dénonçant un monde composé d’émotions violentes. Il est accompagné des talents de Angelo Bison, Frederik Haùgness et d’une actrice tchétchène Zoura Radonuva, ainsi que des partenaires complices depuis de nombreuses années. De Stefano Massini Traduction Pietro Pizzuti Mise en scène Michel Bernard Avec Angelo Bison, Frederik Lars Haugness, Zoura Radonuva Scénographie Olivier Wiame Lumières Xavier Lauwers Costumes Aline Breucker Dramaturgie politique Aude Merlin Décor sonore Jean-Christophe Potvin Musique Pierre Jacqmin Vidéos Sébastien Fernandez Avec l’aide de la Communauté française (CCAPT) Editions de l’Arche agent théâtral pour le texte Une coproduction Unités/nomade, Théâtre Marni INFOS TICKETS 32 2 639 09 80 www.theatremarni.com TARIF 15€/10€/1.25€ article 27 « A Table » avec « Les super filles du tram » le mardi 27.04 de 19 à 20 :3010€ plat + café (sur réservation)

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4 Messages

  • Non rééducable

    Le 30 avril 2010 à 11:13 par samuel

    L’impression d’avoir connu un enfer, de courte durée certes, m’a d’abord laissé perplexe. Parce que le propos de cette pièce m’a collé à la peau. Souillé presque par l’atmosphère de guerre et de tous ses vices et déraisons. La Tchétchénie m’est apparue pour la première fois de manière aussi flagrante comme la petite tâche la plus visible sur une serviette rouge déjà très sale. Et aussi comme un no man’s land où le péril fatal fait religion.

    J’ai trouvé la mise en scène bien construite car elle dédramatise et symbolise à la fois le propos grâce à une chorégraphie libre et expressive. Les deux acteurs qui parlent au nom d’Anna Politkovskaïa arrivent eux à objectiver les paroles d’une femme investie d’une noble mission comme si la raison avait plusieurs voix et que ces voix rendaient le caractère immortel de la mémoire.
    Bref, pour ne pas trop tourner autour du pot, j’ai aimé ce moment fort. En point faible, la comédienne avec son accent tchétchène (tiens donc…) dénotait selon moi inutilement une identité qui apparaissait déjà clairement dans le texte.

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  • Non rééducable

    Le 3 mai 2010 à 11:25 par anacolut

    Etrange sensation pour moi. Quelques jours se sont écoulés depuis que j’ai vu ce spectacle, et il revient bien souvent me hanter, sensations, interrogations, réflexions inspirées de cette histoire que les acteurs nous font vivre, parvenant avec je ne sais quelle magie à nous transformer en Anna Politkovskaïa.
    Pourtant, le moment au théâtre n’était pas particulièrement agréable. D’abord il faisait froid. Et puis il y a eu pas mal d’erreurs de texte (ça me déconcentre). La présence de la jeune foule m’a laissée perplexe dans un premier temps (je n’écoutais pas les acteurs, je regardais les jeunes...), puis m’a paru avoir du sens, mais saisissait mon attention au point de me faire quitter la narration. J’ai trouvé le débit très hâché, peu dynamique et parfois explicatif. Tout le long je me suis demandée pourquoi c’était des hommes qui disaient le texte, et ce que faisait la femme au gros accent... J’ai donc pas mal de "reproches" à faire à ce spectacle, et pourtant il m’a marquée et vis toujours en moi. Je pense donc que c’est un bon, voire même un excellent spectacle. Mais je serais bien embêtée d’avoir à lui mettre des étoiles ! ;)

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  • Non rééducable

    Le 6 mai 2010 à 03:45 par aure

    J’ai aimé le sujet, que l’on parle de ce qui est inacceptable, alors oui, comment utiliser le théâtre pour faire passer un message de façon claire sans être rébarbatif ? Pour cela la mise en scène était ingénieuse, cette foule en marche, oui, la comédienne tchétchène et ses quelques mots moins convaincante, les deux acteurs à la diction parfaite, débitant sur un ton journalistique bien vu un réel que l’on a parfois tendance à oublier du loin de nos sociétés somme toute permissives.
    Il faisait trop froid dans la salle et un grand inconfort, je n’aime pas trop ce théâtre, par claustrophobie ? Dommage..
    C’est une " belle " pièce, dans le sens où elle nous force à réfléchir et oui aussi, à ne pas oublier.

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  • Non rééducable

    Le 12 mai 2010 à 01:05 par papacas

    Les bonnes critiques que j’ai lues m’ont poussé à voir cette pièce et je ne suis pas déçu. Au contraire. Je suis ravi d’assister à une très belle pièce de théâtre.
    J’ai aimé le texte, la mise en espace mais surtout l’interprétation. L’interprétation a été magistrale. La mise en espace du texte (qui est très dur et très dramatique) a été bien orchestrée avec les jeux de la lumière, du son, des bruits du mouvement. On l’a mieux avalé (digéré est une autre histoire). Ca mérite une reprogrammation l’année prochaine.

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Vendredi 30 avril 2010

Tel un murmure dans la foule

Sur le plateau, les comédiens déambulent et parmi eux une voix s’élève, celle d’Anna Politkovskaia, portée par celles de trois excellents comédiens. De bout en bout, les spectateurs écoutent, pendus à leurs lèvres, les yeux rivés sur les tableaux vivants qui se dessinent devant eux.

Quand il est question de théâtre « engagé », les écueils sont nombreux et éviter le côté donneur de leçons ou la forme un peu trop scolaire n’est pas chose aisée. C’est pourtant ce que réussit Michel Bernard dans sa mise en scène de Non rééducable. Mémorandum théâtral à propos de Anna Politkovskaïa.

À noter qu’il a à son service l’excellent texte de Stefano Massini qui, par fragments, retrace l’expérience d’Anna Politkovskaïa en Tchétchénie. Figure emblématique de la presse indépendante lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, cette journaliste russe fut assassinée en octobre 2006. À côté de l’éclairage sur le conflit - dont on a surtout médiatisé les coups d’éclat sensationnels comme la prise d’otage de Beslan en 2004 – la pièce aborde la place du journaliste face à la guerre. Prendre parti ou non. Dénoncer sans juger. La vérité comme combat.

Plutôt que d’appuyer via des vidéos de guerre ou de charniers, la violence et les atrocités de cette guerre, Michel Bernard choisit de créer une tension sur le plateau entre une foule, omniprésence d’une dizaine de figurants sur le plateau dans un mouvement presque incessant, et la voix de la journaliste qui tantôt se mêle, tantôt se distingue.

D’un côté donc, ces mouvements chorégraphiés qui rythment la pièce et en déclinent les atmosphères, soutenus par le travail remarquable d’Olivier Wiame (scénographie), Xavier Lauwers (lumières), Jean-Christophe Potvin (décor sonore) et Pierre Jacqmin (musique).De l’autre, Anna Politkovskaïa dont la voix est partagée entre Angelo Bison et Frederik Lars Haùgness, qui apportent tout deux en justesse une couleur différente aux propos de la journaliste. Sans oublier la présence de Zoura Radoueva, comédienne tchétchène, qui sans un mot donne un poids et fait être Anna sur la scène, parce que les héros ne sont pas toujours les plus bruyants.

Une pièce qui tant dans sa forme que dans son contenu vaut réellement le détour et qui aura su faire entendre le combat de celle qu’on a obligé à se taire de la seule manière qui pouvait l’arrêter.

Théâtre Marni