Sous nos yeux défilent un panel de personnages peu communs, prenant tous forme sous les traits de cet acteur polymorphe, capable de créer en quelques gestes et attitudes un nouveau personnage, tout comme Régis Jauffret peut en quelques mots faire naître un nouvel univers. Ce dernier est l’auteur du texte de « Microfictions », reprenant 500 histoires et personnages dont Yann Mercanton a picoré une dizaine pour les monter à la scène.
Des individus singuliers, à la limite de la bienséance voire souvent hors-limite, qui affirment tantôt leur cruauté, tantôt leur cynisme. Des marginaux qui s’expriment à travers la plume acérée de l’auteur mais surtout par l’extrême malléabilité du comédien qui atteint une rare maîtrise de la voix et du corps. Un contrôle total qui peut par moment tendre au maniérisme mais qui lui permet – grâce à une paire de collants ou encore un simple voile blanc – de passer de la bourgeoise libérée à la victime de la guerre, d’être homme ou femme mais aussi de nous offrir des passages chorégraphiés d’une grâce et d’un esthétisme peu communs.
A l’image de ce corps, toute la scénographie se démantèlera et se reconstruira à l’envie pour figurer chaque situation, chaque appartement de cet immeuble de l’étrange dont « Microfictions » ouvrent les portes. Le décor devient un accessoire modulable et toute la pièce est portée par le corps et par les mots. Une leçon de théâtre pour revenir à l’essentiel, l’acteur et le texte. Sans oublier cependant la maîtrise de la lumière par Quentin Simon mais surtout la musique de Stéphane Blok qui participent de cette atmosphère étrange dans lequel le spectateur est plongé du début à la fin.
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