May B
Inspiré de l’univers du théâtre de Samuel Beckett ou des peintures de Goya, rythmé par la musique de Schubert, ce spectacle réunit 10 danseurs formant un chœur archaïque, le visage et le corps enduits d’argile, ils semblent sortir d’un asile où des vieillards sans espoir attendent lentement une mort prochaine. Avec leurs expressions sournoises et leurs chuchotements incompréhensibles, ils nous fascinent par leur réalisme pittoresque et pathétique.
Distribution
May B
De Maguy Marin
21 → 25.01.2020
dansethéâtre
GRANDE SALLE
1H30
dates et heures
RÉSERVER
Un spectacle mythique créé en 1981 ! Une chorégraphie signée Maguy Marin qui a fait l’effet d’une bombe à sa création. Est-ce de la danse ? Du théâtre ? De la pantomime ? Les trois à la fois sans doute. Tout ici est d’une hallucinante précision mécanique. C’est avec ce chef-d’œuvre que la chorégraphe a acquis un statut comparable à ceux de Maurice Béjart ou Pina Baush.
Inspiré de l’univers du théâtre de Samuel Beckett ou des peintures de Goya, rythmé par la musique de Schubert, ce spectacle réunit 10 danseurs formant un chœur archaïque, le visage et le corps enduits d’argile, ils semblent sortir d’un asile où des vieillards sans espoir attendent lentement une mort prochaine. Avec leurs expressions sournoises et leurs chuchotements incompréhensibles, ils nous fascinent par leur réalisme pittoresque et pathétique.
En attendant « leur fin de partie », ces voyageurs intemporels d’une errance infinie survivent, se déchirent, se battent, s’évadent de leur réalité quotidienne. Si les situations peuvent sembler cruelles et angoissantes de prime abord, l’humour est omniprésent, la tendresse aussi. Le miracle de ce spectacle est que ce chaos s’organise, les groupes se forment, se dissocient, se déplacent rigoureusement dans l’espace.
Un best-seller de la danse que nous sommes heureux d’enfin accueillir à Namur !
« Il y a des pièces historiques. May B, chorégraphiée en 1981 par Maguy Marin, en est une.
Il faut voir et revoir cette implacable ronde dont la litanie touche au plus juste de l’absurdité humaine.
Un cadeau chorégraphique comme il y en a peu. » – Télérama
« Les personnages de May B, qui ont été incarnés par plus de 90 interprètes, ont traversé près de 40 années sans rien perdre de cette force qui dit avec une acuité intacte et poignante la complexité de la condition humaine. » – La Croix
« Vingt-cinq ans de succès international, cinq cent trente-trois représentations ! Il est rarissime qu’un spectacle de danse contemporaine soit joué depuis si longtemps. Dans autant de pays. Et autant de fois. May B,de la chorégraphe Maguy Marin, est devenu un best-seller de la danse. Un repère historique. » – Le Monde
Pour aller plus loin : le très bon documentaire L’Urgence d’agir, de David Mambouch, son fils, qui retrace le parcours de la chorégraphe en prenant pour fil rouge l’histoire de ce spectacle mythique.
Disponible sur Univerciné
DISTRIBUTION
Chorégraphie Maguy Marin 10 interprètes Lumière Alexandre Beneteaud Costumes Louise Marin Musiques originales Franz Schubert, Gilles de Binche, Gavin Bryars Compagnie Maguy Marin
Une coproduction Maison des Arts et de la Culture de Créteil
Mardi 21 janvier 2020,
par
Didier Béclard
Chorégraphie de la condition humaine
En 1981, « May B » pièce iconique de Maguy Marin bouleversait les codes de la danse. L’errance, les cruautés et les ébats d’une tribu fantomatique inspirée du monde de Samuel Beckett racontent les cahots de l’existence et interroge la place de l’individu dans le collectif.
Dix corps abîmés comme dix naufragés enfarinés, vêtus de tuniques qui devaient être blanches un jour, se déplacent comme des morts-vivants, se meuvent dans le clair-obscur, hors du temps. Comme sortis de cavernes, hagards, voûtés, ils se heurtent, se bousculent, plongés malgré eux dans la découverte de l’autre, des autres, préférant l’enfer du groupe à l’angoisse de la solitude. Gauches, ils errent en meute, en rythme. A force de petits gestes, émerge un grouillement incongru qui raconte avec humour les absurdités de l’existence, comme un magma d’humanité qui piétine et grommelle.
La musique de Schubert, apaisante, se mêle à des batteries de Gilles de Binche et des partitions de musique contemporaine de Gavin Bryars. La fresque sombre dépeint une humanité féroce et misérable effrayée par la solitude, elle parle de manière crue de l’être, de son quotidien composé d’absurde et de fantaisie.
C’est dans l’humanité fragile de Samuel Beckett que Maguy Marin a puisé ces personnages et leurs mouvements empêchés mais nécessaires. Créé en 1981 au Théâtre d’Angers, « May B » a d’abord essuyé un flot de huées et de réactions hostiles avant de connaître la consécration. « Le public était tout de même très conservateur, toute cette saleté sur scène dérangeait », explique la chorégraphe dans le film « Maguy Marin : L’Urgence d’agir » réalisé par son fils David Mambouch.
Si Maguy Marin invente là une pièce révolutionnaire par sa forme dans le paysage chorégraphique français de l’époque, « May B » est bel et bien un ballet (quoi qu’en disaient ses détracteurs d’alors qui en venaient parfois aux poings) où les ensembles sont d’une beauté époustouflante et où le corps fait sens à chaque mouvement. « Tout geste qui va dans l’espace public est politique, explique Maguy Marin dans une interview à « Nouvelles de Danse ». Installer quelque chose de poétique dans un monde qui n’est que technique, économique, c’est politique. »
La pièce revient aujourd’hui et régulièrement en « classique » du répertoire de la danse contemporaine. En quarante ans, la pièce qui mêle théâtre et danse - elle est d’ailleurs considérée comme l’acte fondateur de la « danse-théâtre » - a été présentée à près d’un millier de reprises incarnées par plus de 90 interprètes sur les cinq continents. Il est rarissime qu’un spectacle de danse contemporaine soit joué depuis si longtemps. Pour la face cachée de l’humanité qu ’elle souligne à chaque fois, « May B » peut – doit - se voir et se revoir sans cesse.
Didier Béclard
Théâtre de Namur
Place du Théâtre, 2
5000 Namur
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