Helen, femme belle et intelligente, rejoint à 55 ans la cohorte des femmes trompées. Lazlo, son mari, n’a qu’à prendre l’ascenseur de son immeuble pour entrer dans le paradis des plaisirs de l’amour avec une femme plus jeune, Yana. Pendant ce temps, Helen, elle, descend en enfer parce que la perfide rivale, non contente de lui révéler la trahison de son homme, lui donne aussi la clef d’un local technique qui offre une vue sur leurs ébats adultères. Le but est d’écœurer l’épouse pour lui voler définitivement son mari. S’ensuivent des joutes oratoires, par e-mails interposés, pour se convaincre mutuellement d’abandonner le mâle trophée. La jeune maîtresse pense triompher de la guérilla en invoquant statistiques et lois biologiques : « Un homme de cinquante ans est forcément attiré par des femelles plus jeunes ». Elle ne croit pas si bien dire puisque le séducteur de ces dames reprend l’ascenseur jusqu’à l’appartement d’une nouvelle favorite encore plus jeune. Et voilà l’arroseuse arrosée qui connaît à son tour les affres de la jalousie.
Déjà auteur du « Sexe polygame », Esther Vilar connaît bien son sujet. Aussi, ne s’étonne-t-on pas que la rivalité féminine soit si bien exploitée à travers des répliques intelligentes et riches d’informations sur la psychologie des femmes. Quant au thème, s’il est au départ fort banal, il prend un peu d’originalité par le fait que l’épouse, trompée et humiliée, trouve à la jalousie l’excitant qu’elle finit par préférer à un amour trop bourgeois. Le tout est interprété par trois comédiennes de talent (Rosalia Cuevas, Cloé Xhauflaire et Sophie Linsmaux) mises en scène par Daniel Hanssens. Un spectacle de bonne facture.