L’histoire est simple, la fille du comte a reçu une éducation particulière devant lui permettre de ne jamais devenir l’esclave d’un homme. C’est donc elle qui prend les initiatives, et ce soir-là, celui de la Saint-Jean, elle a jeté son dévolu sur le valet de son père. Plus ou moins lié avec Christine, la servante, celui-ci tente de résister. Très ambitieux, il finit par accepter les avances de l’aristocrate et ils font l’amour pendant la nuit. Christine assiste, impuissante, à la naissance de cette relation. Le lendemain matin, il est question de fuir. Mais la discussion pragmatique qui s’en suit sépare définitivement les amants éphémères.
La cuisine de la servante sert de décor aux échanges des protagonistes. Cuisine « emballée » dans un surprenant caisson, dont la froideur contraste (volontairement ?) avec le drame qui s’y joue. A l’époque (pièce écrite en 1888 et jouée en 1906), l’histoire fit scandale. Il faut donc tenter de se mettre à la place des spectateurs du début du 20ième siècle pour imaginer l’effet qu’elle put avoir. Réactualisée (comme ce fût le cas à Avignon cet été), la pièce n’aurait d’ailleurs plus vraiment d’objet.
La mise en scène de Jasmina Douieb met l’accent sur le jeu des trois personnages. Cruauté du valet, désarroi de Mademoiselle Julie, conduite irréprochable de Christine, la servante. Même si cet amour ancillaire n’émeut pas outre mesure, il s’agit d’un agréable divertissement, accordéon en fond sonore et flash-back sur une époque révolue. Mais le débat est universel : différences de classes, égalité des sexes et blessures passées. Mademoiselle Julie vous accueille jusqu’à la fin du mois, avec grâce et brio.
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