"Mensuel" ne peut pas (et ne veut pas) être envisagé comme une pièce traditionnelle. Quelque part entre de l’impro à retardement et du théâtre de l’instant, c’est un tour de force qui se déploie sous les yeux du public : un spectacle complet réécrit-forcément- dans l’urgence chaque mois pour faire corps avec l’actualité brûlante. C’est audacieux ; ça pourrait être mauvais. C’est brillant.
Après un décollage en douceur, la salle se prend en pleine face et pendant une heure trente la revue du mois écoulé à la sauce Pi 3,14. Le spectacle est articulé en rubriques, à la manière d’un véritable magazine d’information. Les quatre comédiens-musiciens-chanteurs hyperactifs s’affairent autour d’un gigantesque sac à malices, un grand panneau blanc percés de multiples portes et fenêtres invisibles qui sert à la fois de décor et d’écran de projection.
Le scénario étant tributaire des évènements du monde, on pardonne volontiers les -rares- faiblesses, d’autant plus que les traits et bonnes trouvailles font souvent mouche (la séquence en duplex avec Michel Daerden valait à elle seule le déplacement). Si on rit, on grince aussi des dents, car le regard porté sur notre chère Belgique et ses maladies chroniques n’est pas tendre, bien que pertinent. A croire que l’humour noir et l’autodérision sont des réflexes de survie typiquement belges...
Bref, "Mensuel" est un rendez-vous addictif et jouissif, où le familier des retrouvailles se mêle à l’expectative joyeuse de nouvelles surprises. Eteignez la télé, on vous promet que ça en vaut la peine...